Au cœur de l'Angola, la province de Bié a longtemps été une plaque tournante pour le commerce et une région très fertile pour l'agriculture. Elle était aussi un point névralgique de la lutte pour l'indépendance de l'Angola, puis de la guerre civile. Aujourd'hui, vingt ans après la fin du conflit, un projet de développement socio-économique permet de consolider la paix sur place.
Comment une usine de céramique consolide la paix en Angola
Des matériaux de construction, des revenus et des infrastructures
L'Usine de Céramique du Prix de la Paix dont la construction sera achevée à la fin de cette année est destinée à produire des matériaux de construction indispensables. Mais elle sera surtout synonyme d'emplois et de formations pour les habitants dont des militaires retraités en transition vers la vie active. Elle générera également des revenus pour les jeunes de la région.
Le site implanté à Chipeta remplira trois missions selon le manager de la fabrique, Daniel Kavinhanha. "Il s'agit de diversifier les sources de revenus, mais aussi de contribuer au PIB national," indique-t-il. " La deuxième dimension est sociale avec la création d'emplois pour les citoyens - ce qui leur donne une stabilité financière -," fait-il remarquer avant d'ajouter : " La troisième dimension est politique : elle consiste à intégrer la plupart des anciens militaires et à veiller à leur insertion socio-professionnelle."
La production de l'usine jouera aussi un rôle important dans le développement de la région. "Quand l'usine sera terminée, nous produirons de très nombreux matériaux de construction comme des briques et des tuiles de grande qualité," renchérit Daniel Kavinhanha. "Nous sommes également en train de préparer la mise en place d'une autre activité avec la fabrication d'ustensiles de cuisine : des assiettes, des tasses, etc." affirme-t-il.
Le responsable de l'usine explique que des infrastructures ont aussi été construites pour les employés et leur famille. "Le projet a aussi consisté dans la mise en place d'installations pour améliorer le cadre social telles qu'une école et un centre de santé, mais aussi des services d'accès à l'eau et à l'énergie," souligne le responsable de l'usine.
Réinsérer les vétérans
Le projet intègre également d'anciens militaires dont le savoir-faire est utile pour l'usine.
"Quand je suis arrivé ici, j'étais dans l'armée," raconte Avelino Munijindo, responsable transport de la fabrique. "Quand je l'ai quittée il y a deux ans," poursuit-il, "on m'a demandé de rejoindre l'usine pour aider les collègues en matière de transport et pour inspecter des véhicules et les machines."
Avelino Munijindo affirme que l'usine aide les vétérans comme lui à se réinsérer sur le marché du travail, mais aussi à réintégrer la communauté.
"Les relations sont très bonnes avec la population locale parce que les habitants apportent leur aide pour lancer cette usine et les anciens militaires contribuent grâce à leur expertise dans différents domaines," estime-t-il.
"La génération de la paix"
Avant même son ouverture officielle, l'usine a déjà des retombées positives dans toute la région, principalement en raison des équipements construits aux alentours.
"Cette usine de céramique a permis d'offrir une nouvelle vie à notre population," assure Sabino Henda qui est en charge de l'administration de Chipeta, une collectivité de plus de 30.000 personnes réparties dans plus de 50 villages.
Il se félicite de la création de l'école en parallèle de l'usine. "Aujourd'hui, les enfants peuvent aller à l'école tout près de chez eux," dit-il. "Les parents peuvent être certains que leurs enfants seront accueillis dans d'excellentes conditions," ajoute-t-il.
Au-delà de l'usine de céramique et de toutes les nouvelles infrastructures, le projet répond à un objectif plus vaste : consolider la paix dans le pays au niveau social.
"Le développement n'est possible que s'il y a la paix," souligne Sabino Henda. "Donc maintenant que le conflit est derrière nous, ces enfants représentent la génération de la paix," estime-t-il.