Une jeune fille de 14 ans est décédée dans le sud-est du Maroc après un avortement clandestin dans un village rural, selon des médias locaux.
Maroc : colère après la mort d'une adolescente suite à une IVG clandestine
"L’avortement s’est déroulé au domicile d’un jeune homme qui exploitait sexuellement la victime", a indiqué mardi 13 septembre, dans un communiqué, le Printemps de la dignité, une coalition d’associations féministes marocaines.
A la suite du drame, la gendarmerie royale a interpellé "la mère de la victime, une infirmière et le propriétaire de la maison où l'avortement clandestin a eu lieu", a précisé mercredi la chaîne publique 2M sur son site. Un quatrième suspect a été ensuite arrêté car soupçonné d'avoir "apporté assistance durant l'avortement" selon la même source qui ajoute que l'enquête du parquet se poursuit.
Pour la militante féministe Betty Lachgar, " Cette tragédie est la conséquence d'un cumul de violences institutionnalisées subies par les femmes ".
Au Royaume du Maroc, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est passible de six mois à cinq ans de prison. Le code pénal sanctionne aussi bien la femme qui avorte (de six mois à deux ans de prison) que les personnes qui pratiquent l'acte (de un à cinq ans de prison).
En 2019, le sort de la journaliste Hajar Raissouni avait indigné les associations de défense des droits des femmes et une partie de la communauté internationale. La jeune femme de 28 ans avait écopé d'un an de prison pour “avortement illégal” et “relations sexuelles hors mariage”. Son compagnon et son gynécologue avaient aussi été condamnés. Mais sous la pression, ils avaient tous été graciés par le roi Mohammed VI la même année.
Rabat s'était engagé en 2015 dans un profond débat sur "l'urgence" d'un assouplissement de sa législation face au fléau des centaines d'avortements clandestins pratiqués chaque jour, dans des conditions sanitaires parfois désastreuses. Une commission officielle avait recommandé que l'avortement dans "quelques cas de force majeure" devienne autorisé, notamment en cas de viol ou de graves malformations.
Aucune loi n'est depuis venue entériner ces recommandations ardemment soutenues par les défenseurs des droits des femmes.