L’exploitation du zircon à Diogo dans la région de Thiès (centre du Sénégal) continue de susciter des polémiques. En dépit des efforts déployés par l’entreprise chargée de l’exploitation, Grande Côte Opération (GCO), en faveur des populations locales, certains impactés continuent de crier à l’injustice.
Sénégal : les impactés du zircon de Diogo demandent plus
Les tensions se sont certes quelque peu dissipées à Diogo, mais, le mécontentement reste encore grand chez certains. Cette localité, située dans la région de Thiès (centre du Sénégal), est secouée par une crise interminable entre les populations locales et Grande Côte Opérations (GCO) depuis l’installation de l’entreprise qui exploite le zircon dans cette zone. A l’origine de ces tensions, la frustration des habitants expropriés de leurs terres dans le cadre de la cessation des champs d’exploitation minière. Et pour beaucoup, la colère tourne autour de la question des indemnisations.
Des impactés en colère…
Ils sont aujourd’hui nombreux à contester les sommes reçues en guise de compensation. C’est le cas de Seydi Sow, habitant d’un village appelé Foth. Ce vieil homme, d’une soixantaine d’années, s’estime lésé dans le processus d’indemnisation. « Ils m’ont pris mes deux champs. Et pour les deux, je n’ai reçu que 300 mille francs CFA alors qu’ils mesuraient plus de deux hectares, avec un puits et un forage à l’intérieur. À quoi peuvent servir 300 mille pour un père de famille comme moi ? », dénonce-t-il. D’autant que, d’après lui, « des gens ont reçu des millions alors que mes champs étaient plus vastes que les leurs ».
Comme cet habitant, beaucoup continuent de crier à l’injustice, en dépit des actions menées par l’entreprise au profit des populations de la localité. Grande Côte Opérations estime d’ailleurs, pour sa part, avoir fait plus que ce que la loi indique en matière d’indemnisation. « Le barème d’indemnisation que nous avons au Sénégal a été multiplié par 5 si vous venez à GCO parce qu’on a trouvé la loi sur le barème un peu en déphasage avec les réalités sur l’occupation des terres », explique Ibrahima Diop, chargé de la réinstallation des impactés, du rétablissement du cadre de vie et RSE de GCO.
Une entreprise qui minimise
De fait, bien qu’elle reconnaisse les frustrations, Grande Côte Opération minimise la réaction hostile des mécontents. « C’est l’être humain qui est comme ça. A chaque fois qu’il acquiert quelque chose, il cherche à en acquérir encore davantage. Et c’est très normal... Mais, si vous faites la comparaison entre ce que les populations avaient dans leurs anciens villages et ce qu’ils ont actuellement, vous allez voir qu’il y a une nette amélioration des conditions de vie et des conditions économiques de ces populations », soutient Ibrahima Diop.
En effet, un tour dans les localités impactées par les travaux de GCO suffit à se rendre compte des changements. En tout cas, au niveau du cadre de vie. Les cases et autres maisons de fortune ont laissé la place à des habitations modernes alimentées au solaire. Et, en plus des GIE, les villageois ont maintenant leurs propres mosquées et des écoles opérationnelles. Ils bénéficient également d’une case de santé et d’un marché dont ils attendent toujours l’ouverture, tous financés par GCO. L’espace sur lequel sont érigés les nouveaux villages était d’ailleurs un désert.
Une tension toujours palpable
Ces habitations ont toutes étaient construites par l’entreprise en plus des indemnités accordées aux habitants en guise de compensation pour leurs terres occupées. Pour autant, les populations en veulent plus. « Ce que nous voulons maintenant, c’est qu’ils aident les populations impactées dans des formations. Il faut aussi qu’ils équipent la case de santé pour qu’on ne soit plus obligé d’aller jusqu’à Tivaouane ou Darou Fall, ce qui est très dur. Qu’ils ouvrent également le marché pour que les gens puissent écouler leurs marchandises ici. », plaide Moussa Sall, un impacté relogé dans le village de Keur Korka Kâ.
Pour le moment, Grande Côte opérations poursuit son opération de charme envers les populations pour tenter calmer définitivement les colères, ce qui n’est pas gagné d’avance. Car des voix continuent de s’élever pour contre l’entreprise. Il y a quelques jours, plusieurs habitants de la localité ont manifesté contre le projet d’expansion de la société, dénonçant notamment les résultats du rapport d’étude environnementale et sociale du projet. Les manifestants reprochent également à l’entreprise le non-respect de ses engagements envers les populations locales.