Dans ce nouvel épisode de Voices of Angola, nos équipes partent à la rencontre de jeunes étudiants angolais d'une école de musique qui a changé leur vie. Ce lieu d'apprentissage a permis à des centaines de jeunes de sortir de la délinquance et de la précarité, en apprenant l'art, au sein de l'orchestre symphonique de Camunga.
En Angola, cette école de musique sort les enfants de la précarité
Au cours de la dernière décennie, l'orchestre a mis en avant des diamants bruts de la jeunesse angolaise. Ce "lieu de réconfort" est "comme une maison, comme ma famille" assure Kelson, un jeune homme qui a pu bénéficier de ces enseignements.
L'ensemble artistique porte le nom de son fondateur, Ntumba Malamba Camunga.
"Camunga signifie une petite chose qui naît, qui grandit, puis qui brille. L'école s'y identifie parce que c'est un projet qui est né si petit, qui a grandi, qui brille maintenant" se réjouit Ntumba Malamba Camunga.
Sortir les enfants de la délinquance, lutter contre la malnutrition
Initialement financée par de petites donations, l'école a démarrée "avec cinq enfants" se souvient-il.
"Puis l'école a grandi, grandi, grandi. Nous avons maintenant 450 enfants. Beaucoup aussi qui ont commencé depuis 2011, sont maintenant des enseignants" se satisfait Ntumba.
Il faut dire que l'établissement joue un rôle social important, permettant de "sortir des enfants de la rue, du monde de la délinquance, de la drogue, et même de la prostitution" assure le directeur de l'école.
"Nous faisons comprendre aux jeunes, aux enfants, aux adolescents comment ils doivent avancer, et comment ils doivent affronter la société".
Autre mission de l'orchestre : la lutte contre la malnutrition.
"S'ils ne mangent pas, ils ne peuvent pas apprendre dans de bonnes conditions, car bien sûr avec le ventre vide, on ne tient pas debout" souligne Ntumba, qui souhaite que ces élèves prennent, à terme, le relais, et enseignent les bases de la musique aux plus jeunes.
"Je leur dis toujours, la main qui reçoit gratuitement doit donner gratuitement".
Le jeune Kelson a eu un parcours semé d’embûches.
"Je traînais avec des gens qui avaient un mauvais comportement, je traînais avec des amis violents" concède-t-il.
Après être allé à une fête avec certains élèves, Kelson a visité l'école et rencontré le directeur, Ntumba, qui n'a pas hésité à l'inviter à participer à une représentation.
"Le groupe a joué. Cela a ému mon cœur. Je voulais être comme eux" confie le jeune homme, qui a commencé par l'alto avant que son professeur ne se rendre compte qu'il avait une vocation pour les instruments à vent.
Delcio, 13 ans, parcourt 56 kilomètres pour venir dans cet établissement. "Je le fais parce que j'aime vraiment jouer du violon" sourit le garçon dont la mère admire les sacrifices.
"Il se lève tôt, à quatre heures du matin, pour aller à l'école, parce qu'il adore ça. La musique est vraiment dans son âme" souligne-t-elle.
Le rôle social de l'apprentissage
Si le journaliste Raimuno Salvador a constaté un changement de "comportement" et une plus grande "responsabilité" chez les jeunes qui fréquentaient le centre artistique, un suivi permanent des jeunes reste nécessaire.
Kelson en est une exemple. Le jeune homme a cédé à certaines tentations, en se laissant "emporter par de mauvaises influences" comme il l'affirme lui-même.
"J'ai consommé des choses que je n'aurais pas dû consommer. Cela m'a causé des problèmes de santé aux poumons" regrette-t-il.
Les absences de Kelson ont inquiété Ntumba, qui est alors allé chez le jeune homme pour l'inciter à revenir au sein de l'école.
"Quand il a frappé à la porte, je ne pouvais pas le croire" se souvient Kelson. "Il m'a dit : "Regarde, tu es comme un fils. Un père n'abandonne pas son fils".
"Quelques jours plus tard, il est apparu dans l'orchestre. Quand il est apparu, je l'ai serré dans mes bras. Je lui ai dit : "Bienvenue chez toi"" raconte Ntumba.
L'objectif de Ntumba est d'enseigner l'art, mais aussi de transmettre à ces enfants le sens des responsabilités pour faire "changer" les choses, et faire "grandir" son pays, l'Angola.