Les conséquences de la guerre en Ukraine sont globales et affectent les économies du monde entier. La flambée du coût de l’huile de tournesol depuis la pandémie de Covid-19, aggravée par le conflit, empêche les restaurateurs d'Istanbul de cuisiner leurs spécialités depuis des mois.
Guerre en Ukraine : la hausse des prix heurte des restaurateurs turcs
C’est notamment le cas du restaurant de fruits de mer, le Tarihi Balikca, au bord du Bosphore dans la capitale turque, qui a fini par augmenter ses prix début avril, après que l’approvisionnement en huile de cuisson en provenance de Russie a été interrompu.
Mahsun Aktas, ouvrier au restaurant de poissons frits et de fruits de mer Tarihi Balikca s'est exprimé sur l'affluence du restaurant :
"Nous avons résisté. Nous avons dit : 'Attendons un peu, peut-être que le marché va s'améliorer, peut-être que (les prix) vont se stabiliser'. Mais nous avons vu qu'il n'y avait pas d'amélioration, alors nous avons augmenté les prix (des aliments). C'est ainsi que nous arrivons à compenser les coûts."
Aujourd’hui même les clients de longue date refusent de consommer dans l’établissement. Pourtant, les restaurateurs n’ont plus choix.
Les prix des huiles végétales ont atteint un niveau record en février, puis ont encore augmenté de 23 % en mars, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
"Pour la première fois cette année, nous avons vu des clients rebrousser chemin après avoir entendu le prix du (plat traditionnel turc de restauration rapide) poisson en pain. Les années précédentes, ils voyaient l'augmentation du prix mais ne disaient rien. Mais cette année, ils font demi-tour. Le client ne peut pas se le permettre" a ajouté l'employé du restaurant Tarihi Balikca.
En plus des mauvaises récoltes en Amérique du Sud, des pénuries de main-d’œuvre liées à la pandémie, puis de la guerre en Ukraine, qui fournit près de la moitié de l’huile de tournesol mondiale, en plus des 25% qui proviennent de Russie, les expéditions ont été annulées et les prix de l’huile de cuisson sont montés en flèche.
" Nous acceptons que le prix de l'huile de cuisson augmente. Mais nous ne pouvons pas augmenter le prix des aliments que nous vendons. Nous ne pouvons pas le faire, il est difficile d'ajuster le prix. Les gens connaissent le prix de la nourriture et si nous augmentons le prix, ils ne l'achèteront pas." a expliqué Emiwati, vendeur de nourriture.
La menace qui pèse sur l’approvisionnement en denrées alimentaires abordables notamment en ce qui concerne le blé, l’orge et les autres céréales fait craindre des pénuries alimentaires et une instabilité politique dans les pays du Moyen Orient ainsi que d’Afrique et d’Asie où des millions de personnes dépendent du pain subventionné et des nouilles à bas prix.
"Les prix ont beaucoup augmenté, depuis un an environ, de l'ordre de 40 % dans certains cas pour certaines huiles végétales. Et dans le cas de l'huile de tournesol, vous ne pouvez même pas l'obtenir, même si vous en voulez, à cause de la guerre en Ukraine. Il est important de noter que les tendances (de prix) étaient en place avant le début de la guerre, mais la guerre a considérablement aggravé les choses." a analysé Steve Mathews, co-responsable de la recherche chez Gro Intelligence.
Alors que l’huile de soja se vendait 765 dollars la tonne métrique en 2019, elle atteint aujourd’hui 1957 dollars la tonne métrique en moyenne au mois de mars.
Les prix de l'huile de palme ont quant à eux augmenté de 200 % et devraient encore augmenter après que l'Indonésie, l'un des principaux producteurs mondiaux, a interdit les exportations la semaine dernière pour protéger l'approvisionnement national.