Longtemps apprécié des amateurs à travers le monde, le café angolais est de retour. L'Angola ambitionne de se hisser de nouveau parmi les premiers exportateurs mondiaux. Sa production repart à la hausse dans les régions du pays qui en avaient fait leur spécialité. Fief historique
L'Angola ambitionne de retrouver son statut de grand pays du café
Selon les experts, Café Cazengo, entreprise fondée en 2010, est l'un des producteurs les plus dynamiques de la province agricole du Cuanza-Nord à l'Est de la capitale. Elle est installée dans la ville de Quiculungo. Camila Paula en est la directrice commerciale.
"Le café de Quiculungo, à l'époque coloniale, c'était ce qui faisait fonctionner l'économie, la ville s'est construite autour du café," fait-elle remarquer.
Camila Paula est originaire d'un pays qui est un géant du café, le Brésil. C'est d'ailleurs un Brésilien qui a lancé cette culture sur place au début du XIXe siècle. Aujourd'hui, l'entreprise connaît une croissance internationale.
"Nous exportons principalement vers les États-Unis," indique-t-elle, "mais nous avons aussi un site internet qui nous permet de vendre notre production ailleurs dans le monde."
Aide aux petits planteurs
Dans les années 70, la production angolaise atteignait quasiment 250.000 tonnes annuelles. Après l'interruption de la guerre civile et près de 20 ans de paix, l'Angola est train de rebondir et son secteur du café également. La production a augmenté de 34% entre 2019 et 2020.
Café Cazengo , pour sa part, s'appuie sur 500 planteurs sous contrat pour se fournir en matière première. Ces derniers font partie des quelque 25.000 petits exploitants à l'origine de la moitié des récoltes de café à l'échelle nationale. Le reste est produit par environ 500 grandes exploitations commerciales.
Camila Paula nous précise que son entreprise travaille avec les planteurs pour améliorer la productivité et leurs conditions de vie. "En ce moment, par exemple, nous menons un projet qui consiste en un centre d'enseignement supérieur angolais où nous aidons les planteurs à structurer leurs coopératives," explique-t-elle.
Les producteurs sont aussi aidés dans le cadre d'un programme conjoint de l'Union européenne et des Nations Unies. Cette initiative plus vaste vise à développer le secteur privé et à diversifier l'économie angolaise principalement basée sur le pétrole. L'essor de l'agriculture qui représente aujourd'hui, environ 13% du PIB national doit y contribuer.
Cafés de spécialité
Fazenda Vissolela fait partie des grandes exploitations commerciales du pays. Elle s'étend sur 5000 hectares et pratique l'élevage, mais développe aussi sa production de café qui devrait déjà atteindre 2160 tonnes cette année.
"À Vissolela, nous prévoyons de dédier 1000 hectares à la production de cafés de spécialité," indique Guilherme Diniz, directeur général. _"_ Donc chaque variété de café arabica sera cultivé sur 100 hectares et 80% de ces cafés seront destinés à l'export," poursuit-il.
Son collègue Énio Miranda ajoute : "Chaque année, nous comptons doubler notre chiffre d'affaires ; ce qui veut dire que cette année, ce n'est que le début d'un avenir radieux. Le café a déjà eu une grande importance dans le passé, il est clair qu'il représente l'avenir de l'Angola," assure-t-il.
Atouts géographiques et naturels
Pourquoi produire du café en Angola ? Il se trouve que le pays dispose d'atouts pour le faire. "En termes de qualité, la première exigence, c'est l'altitude," fait savoir Guilherme Diniz. "Nous sommes à environ 1200 mètres d'altitude : ce qui est excellent pour la qualité du café," insiste-t-il.
Comparé à d'autres régions du monde, l'Angola bénéficie d'une configuration géographique et de ressources naturelles essentielles à la culture du café. "Nous avons le relief adéquat pour faciliter la mécanisation," affirme Guilherme Diniz, _"_ mais aussi de l'eau en abondance : ce qui simplifie l'irrigation et augmente la productivité."
Ce potentiel a été repéré, notamment par le Centre français de recherche agronomique Cirad qui a mené des études sur place avec le soutien de l'Union européenne et la participation d'experts originaires d'Angola, d'Argentine, du Portugal et de France.
"Il y a une motivation du gouvernement local, mais aussi d'institutions internationales comme l'Union européenne," précise Cécile Bessou, chercheuse en agroécologie au Cirad, "pour re-dynamiser ce secteur avec quelques acteurs locaux très dynamiques qui tentent d'innover pour faire en sorte que le secteur du café en Angola retrouve sa gloire d'antan."