Au moins 29 personnes, dont onze enfants, sont mortes apparemment piétinées dans la nuit de mercredi à jeudi à Monrovia, lors d'un mouvement de foule provoqué par des malfrats cherchant à voler les fidèles à l'issue d'un important rassemblement chrétien, ont indiqué les autorités.
Liberia : George Weah rend visite aux victimes du mouvement de foule
Des malfaiteurs ont causé un mouvement de panique en dévalisant les fidèles à leur sortie de ce rassemblement appelé "croisade", qui a drainé des masses de fidèles pendant deux jours autour d'un prêcheur très populaire sur un terrain de football dans le quartier pauvre de New Kru, dans les faubourgs est de la capitale.
"Au moment où on sortait, des zogos (nom communément donné à des voleurs sévissant dans la rue) armés de couteaux ont commencé à demander l'argent et les téléphones", a dit Elisabeth Wesseh, 34 ans.
"On a pris peur et on s'est mis à courir, mais la porte était trop petite pour tout ce monde. Ceux qui tombaient, on leur marchait dessus", a-t-elle dit.
"La bousculade a été causée par un groupe de jeunes garçons qui essayaient de dévaliser les premiers à partir", a corroboré le porte-parole de la police, Moses Carter.
La menace d'être volé a provoqué un reflux. "Quand les autres les ont vus revenir en courant, ils ont été pris de panique", a-t-il dit.
Onze enfants et une femme enceinte figurent parmi les 29 défunts, a dit le ministre adjoint de l'Information Jallawah Tonpoe à l'hôpital de la Rédemption, où ont par ailleurs été admis 15 blessés, dont sept enfants.
Le bilan du drame risque de s'alourdir, un certain nombre de blessés étant dans un état critique, a dit le porte-parole de la police.
Cinq individus ont été arrêtés, a-t-il dit. Le prédicateur, le pasteur Abraham Kromah, était interrogé au siège de la police, a-t-il ajouté.
Le président George Weah a réclamé "une enquête exhaustive pour savoir si des agissements criminels sont ou non responsables" du drame, ont indiqué ses services.
"C'est une triste journée pour nous", a-t-il dit à l'hôpital de la Rédemption où il s'est rendu. Il a assuré que des dispositions seraient prises pour qu'à l'avenir un personnel de sécurisation suffisant soit mobilisé autour de rassemblements religieux aussi importants pour canaliser les mouvements.
- Deuil national -
Il a déclaré trois jours de deuil national et ordonné que tous les drapeaux soient mis en berne sur les édifices publics du pays, ont annoncé ses services.
De telles manifestations, caractérisées par leur ferveur, sont communes dans ce pays très religieux et majoritairement chrétien, l'un des plus pauvres de la planète, durement éprouvé dans son histoire récente.
A la fin du rassemblement, les fidèles ont été priés de faire une offrande avant de partir, a rapporté un témoin.
"Alors que ceux qui avaient fait leur offrande quittaient les lieux, on a entendu un bruit très fort venant de l'entrée", a relaté ce témoin, Emmanuel Gray, 26 ans.
"Quand nous sommes arrivés là-bas, nous sommes tombés sur de nombreuses personnes allongées, mortes, et d'autres se battant pour leur survie", a-t-il dit.
Le Liberia, pays d'environ 5 millions d'habitants au bord de l'Atlantique, peine à se remettre de deux guerres civiles qui ont fait quelque 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés entre 1989 et 2003.
Les deux guerres civiles ont provoqué l'effondrement de l'Etat, dévastant l'économie et les infrastructures industrielles.
Le Liberia a été ensuite l'un des trois pays les plus affectés par la maladie à virus Ebola qui s'est déclarée en Afrique de l'Ouest en décembre 2013, et a duré plus de deux ans, causant plus de 11.300 morts, dont plus de 4.800 au Liberia.
Plus récemment, la pandémie de Covid-19 a encore entravé l'effort de redressement.
Le Liberia est coutumier des drames humains.
Une bousculade au cours d'une manifestation religieuse analogue avait causé la mort de deux bébés dans le centre du pays en novembre 2021, selon les médias locaux.
Entre 15 et 17 personnes avaient été portées disparues après un naufrage au large de la côte sud-est en juillet 2021. Une cinquantaine de personnes avaient péri dans l'effondrement d'une mine dans le nord-ouest en mai 2020.