Céline vit à l’est de la RDC, une région riche en ressources minières, et qui connait des conflits armés sans fin depuis plusieurs années. Chaque jour, elle tente petit à petit de se reconstruire et d’oublier les scènes d’horreur gravées dans sa mémoire. Marquée par ces années de violence, elle espère un jour que les victimes pourront obtenir justice.
RDC : le difficile chemin vers la justice pour les victimes à l'Est
"J'étais victime dans les guerres depuis que suis petite et d'ailleurs mes amis de mon âge et qui ont grandi avec moi ont tous été tués, j'ai vu d'autres êtres violés devant mes yeux. Le gouvernement congolais doit tout faire pour voir si un tribunal doit être établi pour que ces victimes puissent obtenir justice, car il y en a qui sont là, qui continuent de souffrir et qui ont perdu la joie de vivre", explique Céline.
Obtenir justice…pour les victimes de la RDC, mais aussi d’autres pays voisins où ont eu lieu des crimes graves comme le Rwanda ou le Burundi. C’est ce à quoi réfléchissent des acteurs judiciaires et des organisations internationales qui luttent pour la promotion des droits humains. Une de leurs réunions s’est tenue à Goma, à l’est de la RDC.
"Nous pensons qu'il faut inclure les juridictions internationales, des juges nationaux dans un processus qui vise à la poursuite, à la répression de ces infractions qui sont encore une fois gravissimes, un tribunal international spécial pour juger de ces crimes, c'est intéressant mais ça ne suffit pas car il faut pouvoir être plus près non seulement des victimes mais également au plus près des auteurs de manière à apporter une réponse qui sont la plus adaptée au contexte, aux réalités locales", explique Margaux Wipf, Coordinatrice du programme pour la promotion de l'Etat de droit en Afrique subsaharienne.
Très souvent, lors de conflits, les auteurs de crimes graves échappent à toute justice, en se rendant par exemple dans un pays voisin. Mais pour les participants à ce colloque, l’une des solutions serait que les pays de la région des grands lacs puissent coopérer sur le plan juridique.
" Nous voulons que les criminels ne puissent plus s'évader. Au moment où ils sont en violation de la loi, de s'assurer que les procédures sont harmonisées pour pouvoir poursuivre les délinquants dans une zone pour qu'ils n'aient pas un avantage à se retrouver dans un autre pays dans la région, puisque les mesures qui vont s'appliquer dans un pays soient appliquées dans un autre pays. Donc on ne pourra plus fuir la justice parce que juste on a franchi la frontière", explique Julien Gustave Kavaruganda, bâtonnier au barreau du Rwanda.
En mai 2021, Félix Tshisekedi a déclaré l’état de siège dans 2 régions de l’est de la RDC : au nord Kivu et dans l’Ituri. Mais cela n’a pas empêché les groupes armés de continuer de tuer des civils.