Depuis le début de l’épidémie, la Covid-19 est au centre des inquiétudes sanitaires notamment en Afrique. Toutefois, sur le continent, d’autres maladies connues et redoutées de tous continuent de faire des victimes, le paludisme reste plus meurtrier que le coronavirus.
La Covid-19 fait-elle de l’ombre aux autres maladies en Afrique ?
16 novembre 2019, la Covid-19 fait sa première apparition officielle à Wuhan dans la Chine centrale. Au début de l’année 2020, les premiers cas se comptent déjà par milliers en Europe avant de s’étendre peu à peu dans le monde, suscitant la panique et les fameuses restrictions de déplacement dont les confinements dans plusieurs pays.
À ce jour, le coronavirus a fait 4 707 336 décès dans le monde selon Statista, soit un taux de mortalité évalué entre 2 % et 3 %. Actuellement, parmi les pays les plus touchés, les États-Unis figurent en première place, l’Inde en second, puis le Brésil. En Afrique, même si les restrictions sanitaires semblent mimer celle de l’Occident, la situation est relativement et statistiquement moins dramatique.
En effet, depuis que le coronavirus est omniprésent, 179 801 personnes sont décédées sur le continent selon les chiffres de l’Université Johns Hopkins, pour une population de 1,3 milliard d’habitants, soit un taux de létalité d’environ 0,02 % . Au regard des bilans de l’Europe ou des Amériques, ces chiffres paraissent infimes, mais contrairement à eux, la Covid-19 n’est pas la seule maladie meurtrière .
Le Paludisme
Les campagnes de vaccination fusent sur le continent, les nombres de vaccins envoyés d’Europe, d’Asie et d’Amérique se multiplient, la mobilisation est telle qu’on pourrait croire que le paludisme et les autres maladies tropicales ont été éradiquées.
Pandémie oblige, les traitements liés à la malaria sont perturbés, selon un rapport de l’ OMS datant de novembre 2020, " la pandémie de coronavirus pourrait entraîner des dizaines de milliers de décès dus au paludisme. "
" Une interruption de 10 % de l’accès à un traitement antipaludéen efficace en Afrique subsaharienne pourrait entraîner 19.000 décès supplémentaires. " poursuit le rapport.
En 2019, le paludisme faisait près de 409 000 morts dans le monde, l’Afrique supportait comme les années précédentes, plus de 90 % de la charge de morbidité globale. De plus, depuis cette année-là, l’Organisation Mondiale de la Santé n’a pas publié de chiffres officiels concernant le paludisme, alors qu’auparavant, l’organisation présentait son rapport annuel tous les ans. Encore une fois, la Covid-19 semble faire obstacle à l’attention portés aux autres maladies qui tuent en Afrique.
Ralentissement des campagnes de vaccinations et sensibilisations
Lors de la semaine mondiale de la vaccination en avril dernier, l’ UNICEF alertait sur la baisse de couverture vaccinale depuis l’avènement de la pandémie de Covid-19. " 60 de ces campagnes vitales (campagne de vaccination de masse) sont actuellement reportées dans 50 pays, ce qui expose environ 228 millions de personnes - principalement des enfants - à des maladies telles que la rougeole , la fièvre jaune et la polio . Plus de la moitié des 50 pays concernés se trouvent en Afrique " précise le rapport de l’UNICEF.
La rougeole , maladie la plus contagieuse au monde, qui figure elle aussi sur la liste des maladies les plus meurtrières du continent africain, peine à voir une évolution des campagnes de vaccination. Selon l’étude publiée en 2019 dans la revue The Lancet Global Health sur l’état de la lutte contre la rougeole en Afrique de l’Ouest, outre le Ghana, la Gambie et le Cap-Vert les autres pays de la sous-région n'étaient pas sur la bonne voie.
L’étude estimait à 4, 6 millions, le nombre d’enfants non vaccinés, dont 71 % au Nigéria en 2019. En RDC, " plusieurs provinces enregistrent à nouveau une hausse de cas depuis fin 2020, notamment le Nord et Sud Ubangi ", explique Anthony Kergosien, coordinateur des équipes d’urgence de Médecins sans frontières en RDC. Les enfants sont les principales victimes de la rougeole, " la rougeole est la maladie la plus contagieuse au monde, près de dix fois plus que la Covid-19 ", précise t-il.
" Pour lutter efficacement contre ce fléau en RDC, il faudrait une couverture vaccinale de 95% avec deux doses par enfant, et des campagnes régulières pour vacciner les nouveau-nés (…) Mais on en est encore très loin " ajoute le coordinateur de MSF .
"nous avons régressé pour les autres vaccinations"
Dans un communiqué de presse publié le 15 juillet dernier, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS a déclaré " alors même que les pays réclament à cor et à cri de pouvoir disposer de vaccins contre la COVID-19, nous avons régressé pour les autres vaccinations, ce qui expose les enfants à des maladies dévastatrices, mais évitables comme la rougeole, la poliomyélite ou la méningite. "
Dans la même optique, le 8 septembre dernier, le Rapport sur les résultats du Fonds mondial révélait l’impact dévastateur du COVID-19 sur les programmes de lutte contre le VIH , la tuberculose et le paludisme . Le rapport précise que "comparativement à 2019, (…) le nombre de mères séropositives qui ont reçu un traitement pour prévenir la transmission du VIH à leur bébé a chuté de 4,5 %. Le dépistage du VIH a chuté de 22 %, ce qui a fait reculer la mise sous traitement antirétroviral dans la plupart des pays." L'Afrique est le continent le plus touché par le VIH.
Faute de moyens et de développement des systèmes de santé en Afrique , gérer simultanément la pandémie du Covid-19 et les autres épidémies qui minent le continent se présente comme une tâche difficile, voire impossible. Le coronavirus fragilise l’économie en Afrique et pourrait aussi provoquer la résurgence de certaines maladies dans la région. Par conséquent, causer une hausse des taux de mortalité, faute de négligence.