Insécurité : au Kenya, des grands-mères se mettent à la self-defense

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Dans les ruelles de Korogocho, l’un des plus grands bidonvilles de Nairobi au Kenya, les grands-mères du quartier se mettent au taekwondo. Un sport de combat qui leur permet de s'entraîner au cas où elles se retrouveraient face à un agresseur.

Deux fois par semaine, elles se retrouvent et s'exercent, à poings nus, sur des sacs remplis de vieux tissus. Esther, résidente de Korogocho, a repris confiance en elle depuis qu'elle vient au cours : "Vous voyez ce clou de 15 cm, je ne peux pas le laisser tomber, il fait partie de ma légitime défense. Je peux l'utiliser, comme une arme, pour attaquer l'ennemi en visant les yeux de l'agresseur. Quand vous me regardez, vous devez peut-être vous dire " cette vieille femme est stupide" mais vous verrez de quoi je suis capable".

"Même avec un doigt, elles peuvent atteindre les yeux et s’éloigner"

Elles ont entre 60 et 80 ans en moyenne. Mais pour l'entraîneuse du groupe, peu importe l'âge "les femmes devraient apprendre à se défendre. Même en utilisant peu d'énergie, même avec un doigt, elles peuvent atteindre les yeux et s’éloigner", estime Jane Waithageni Kimaru, cheffe d'équipe et formatrice.

« Les femmes des quatre coins du Kenya devraient se tenir la main, qu’elles viennent de Dandora (établissement informel à Nairobi) ou de Nakuru (une ville de la vallée du Rift au Kenya). Elles devraient réunir toutes celles qui se sentent maltraitées, elles devraient s'entraîner et savoir quelle partie du corps peut faire tomber le gars. "

Les vieilles femmes devenues des cibles

La plus âgée dit avoir 110 ans. Elle vient tout les jeudis pour apprendre à se défendre. Elle sait que son quartier est devenu dangereux.

Depuis que les jeunes n'ont plus de travail, que le chômage s'est répandu, l'insécurité a augmenté. Les agressions sexuelles aussi. Et les vielles femmes sont devenues des victimes privilégiées pour les agresseurs, qu'ils considèrent comme plus fragiles.

Un phénomène qui s'est accentué aussi avec la pandémie. En deux ans, les femmes ont payé le prix fort de la crise : au moins 5 000 cas de violence sexuelle ont été recensés par le ministère de la Santé à travers le pays.

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