Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui a dirigé la transition en Egypte en 2011-2012 après avoir été durant plus de 20 ans ministre de la Défense de l'ancien président Hosni Moubarak, est décédé mardi à l'âge de 85 ans, a annoncé l'armée.
Décès du maréchal Tantaoui, premier dirigeant de l'Egypte post-Moubarak
À la chute de l'autocrate en février 2011, Tantaoui avait gouverné le pays pendant près de 18 mois à la tête d'un conseil militaire chargé de mener à bien la période de transition et d'organiser des élections, avant d'être écarté par le président islamiste Mohamed Morsi, élu en juin 2012 et qui avait nommé l'actuel président Abdel Fattah al-Sissi à la Défense.
La présidence égyptienne a salué sur Facebook la mémoire "d'un des fils les plus dévoués" de l'Egypte qui a consacré sa vie au service de la nation durant plus d'un demi-siècle (...)".
"J'ai perdu un père, un maître, un homme jalousement patriote", a tweeté le président Sissi, qui a été chef du renseignement militaire sous la direction du maréchal. Le chef de l'Etat a décrété un deuil national.
Proche de Moubarak
Né en 1935 et d'origine nubienne (sud), Tantaoui a entamé sa carrière dans l'infanterie en 1956, participant notamment à la crise de Suez au moment de l'expédition tripartite orchestrée par la France et la Grande-Bretagne, ainsi qu'aux guerres israélo-arabes de 1967 et 1973.
Durant la guerre du Golfe de 1991, il avait participé à la coalition dirigée par les Etats-Unis , au moment de l'invasion du Koweït par les forces irakiennes de Saddam Hussein . Un câble diplomatique américain de 2008 révélé par Wikileaks décrit Moubarak et Tantaoui comme des dirigeants " concentrés sur la stabilité du régime et le maintien du statu quo jusqu'à la fin de leur mandat ".
" Ils n'ont tout simplement pas l'énergie, l'inclination ou une vision du monde pour faire les choses différemment ", note le câble, qualifiant le maréchal de " vieux et opposé au changement ".
Après le soulèvement de 2011, l'armée avait d'abord été saluée pour son soutien aux manifestants anti-Moubarak et la junte dirigée par Tantaoui leur avait promis " un pouvoir civil élu pour construire un Etat démocratique libre " .
Les manifestants considéraient d'ailleurs l'institution militaire comme une force unificatrice, moins corrompue et moins brutale que les policiers du ministère de l'Intérieur.
Pendant cette période, Tantaoui avait été notamment forcé, sous la pression de manifestations, de faire juger l'ancien autocrate, pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants durant la révolte. Mais rapidement, les jeunes militants pro-démocratie , fers de lance de la révolte, avaient accusé la junte de traîner des pieds pour lancer des réformes démocratiques. Tantaoui n'a lui jamais été jugé.
Après son éviction, il s'était fait discret. Il avait cependant assisté à la cérémonie d'inauguration d'une deuxième voie du canal de Suez en 2015.