Emmanuel Macron reçoit ce lundi à l’Elysée, d'anciens combattants algériens.
La France fait un pas de plus vers les "harkis"
A 5 jours de la journée nationale d’hommage aux "Harkis" célébrée tous les 25 septembre depuis 2003, le président français fait un pas de plus vers la reconnaissance de l’abandon par les gouvernements français de ces soldats après la guerre d’Algérie.
Quelque 300 personnes, des "Harkis" (du mot arabe "haraka" qui signifie "opération militaire" ) âgés entre 60 ans et plus, ainsi que leurs descendants, des responsables d'associations et des personnalités ont donc été conviées dans la matinée à une cérémonie présidée par Emmanuel Macron.
Une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la politique mémorielle du chef d’état.
Alors qu'il prononçait son discours, Emmanuel Macron a été pris à parti par une descendante de "Harki" qui s'est dit "oubliée par le président Macron" à qui elle a écrit. Le président lui a répondu en regrettant la division au sein même des "Harkis", des rapatriés et des militaires qui défendent la même cause mais ne s'écoutent pas, ce qui entraverait selon lui le « chantier de la réparation ».
Le président Macron a abordé la question de l'élaboration d' "un texte de lois de reconnaissance et de réparation qui n'a pas vocation à relater l'histoire." Ce texte présentera deux axes majeurs, "l’abandon militaire et la maltraitance des familles sur le sol français" .
Une allocution très attendue, car elle incarne la volonté du président d’aller encore plus loin que son prédécesseur dans la reconnaissance des responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des "Harkis". Un abandon qui représente selon l’Elysée « un manquement fait aux Harkis mais aussi au manquement de la République française à ses propres valeurs » .
"L'histoire des Harkis, c'est une histoire de Français et c'est l'histoire des Français; c'est dans cet état d'esprit qu'il faut aborder ce nouveau chapitre", selon la présidence.
Des auxiliaires de l'armée française abandonnés par l'état
Les "Harkis", supplétifs de l'armée, oubliés de la France, ont été recrutés pour renforcer l’armée française dans le conflit qui l’opposait au FLN durant la guerre d’Algérie entre 1954 et 1962.
Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français a refusé leur rapatriement massif.
Pendant ce temps, les Harkis restés en Algérie subissaient des représailles sanglantes et étaient qualifiés de traîtres par les Algériens et le nouveau régime.
Certains ont trouvé refuge en France ou ils étaient placés dans des camps de transit et de reclassement, mais où les conditions étaient terribles (entourés de barbelés, avec une entrée contrôlée, etc.).
Seuls quelque 42.000 Harkis - accompagnés parfois de leurs femmes et enfants - ont été évacués en France par l'armée.
Quelque 40.000 autres y sont parvenus par des filières semi-clandestines ou clandestines. Au total, entre 80.000 et 90.000 personnes arrivent en France selon certaines estimations, pour la majorité entre 1962 et 1965.
Le 3 octobre 2018, l’état français est condamné par le conseil d’état à indemniser un fils de harki pour les conditions de vie indignes des camps de transit et de reclassement.
Emmanuel Macron a annoncé la même année, un plan « Harkis » pour revaloriser les pensions de ces anciens combattants et aider leurs descendants dans la précarité.
40 millions d'euros sur quatre ans sont débloqués. Un montant que les représentants "Harkis" jugent alors très insuffisant.
Les Harkis et leurs descendants formeraient aujourd'hui une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes.