Clap de fin pour Edgar Lungu en Zambie. Le président sortant a été battu lors de la présidentielle du 12 août par son éternel rival, Hakainde Hichilema. Occasion pour Lusaka de brandir sa '' maturité démocratique''. Le chef de l'Etat sortant ayant félicité l'heureux élu.
Quelle Zambie sous Hakainde Hichilema ?
Un geste rare dans un continent adepte des élections contestées, aux résultats connus d'avance. L'exception zambienne confirme la règle. Nos journalistes, Ruth Lago et Ronald Kato, évoquent cette jurisprudence zambienne et les défis qui attendent le président élu. Bonjour à tous, bonjour Ronald, avec vous, nous décryptons l’élection en Zambie qui s’est achevée sur la victoire de l’opposant Hakainde Hichilema. Comment la Zambie arrive- t-elle à réussir des transitions si pacifiques` ?
Tout à fait Ruth Nous devons dire qu'il s'agit d'une culture en Zambie. L'organisation d'élections pacifiques est une tradition dans ce pays, la défaite d'un parti au pouvoir n'est pas inédite dans ce pays. La dernière fois qu'un président a perdu, c’était en 2011 avec l'avènement de Michael Sata du Front patriotique. Malheureusement, il est mort quatre ans après son arrivée au pouvoir. Mais nous devons également féliciter le vainqueur des élections de cette année, M. Hakainde dans la limite d'âge pour avoir mené une campagne bien ciblée. Il a mobilisé. Il a fait campagne auprès des jeunes. Il s'est assuré que son message, vous savez, soit intériorisé par les jeunes zambiens. Il a exploité les médias sociaux à son avantage. Son message arrivait à point nommé. Il a utilisé les problèmes sociaux et économiques qui se posent aujourd'hui en Zambie comme armes. La flambée des prix des denrées alimentaires, l'inflation, vous savez, le kwacha, la monnaie locale est en perte de valeur. Il a profité de tous ces problèmes, les a utilisés comme armes. Mais l'autre question que nous ne soulignons pas assez et qui est très importante est la conduite des institutions, en particulier celle de la commission électorale. Elle a strictement appliqué la loi électorale. Il n'y a pas eu de grandes violations de la loi électorale en Zambie. Et c'est essentiel dans toute démocratie, lorsque le code électoral est appliqué strictement sans favoriser un candidat quelconque, en particulier le sortant, on obtient ce genre de résultat.
Quels sont concrètement les défis de sa présidence ?
Vous avez raison, Ruth, M. Hichilema est confronté à une tâche difficile qui tourne autour de l'économie de la Zambie. Malheureusement pour lui, il n'a pas choix, l'opportunité que son prédécesseur a eu quand il arrivait au pouvoir il y a six ans en 2015, à moins que les choses n'aillent légèrement mieux. Maintenant, les choses vont mal. Et il n'y a pas que la Zambie. C'est le contexte mondial. Ce coronavirus ravage les économies et les choses vont s'améliorer sous peu. Sa première tâche va tourner autour de l'économie. Il a fait, vous savez, une kyrielle de promesses lors de sa campagne. Et l'une d'elles est la réduction de la dette, on verra comment il compte relancer l'économie sans emprunter et sans augmenter les impôts. Il veut réduire la dette. Il y risque de taxer davantage le pour y parvenir peuple et cela le mettra, vous savez, en conflit avec les gens qui viennent de voter pour lui. Mais il y a de bonnes nouvelles. La Zambie, même avant cette élection, était déjà en pourparlers avec le FMI pour un programme de financement. Je pense qu'il y a maintenant un nouveau gouvernement. Ces pourparlers seront bientôt achevés. Certains experts parlent d'avril prochain. Ce sera donc un coup de pouce très important pour l'économie zambienne. Je pense que l'autre chose qu'il peut faire c’est de retourner à la table des négociations avec les créanciers de la Zambie. L'un des créanciers le plus importants est la Chine. La Chine détient environ trois milliards de dollars de dette zambienne. Un accord a été conclu l'année dernière dans le cadre du DSSI pour que pour que la Chine retienne ses paiements et les restructure. Cet accord, je suppose, devra être renouvelé. Il doit donc parler aux créanciers de la Zambie, pour qu'ils demandent une restructuration de la dette. Qu’est-ce que cette élection signifie pour les pays qui vont organiser des élections dans les mois ou années à venir ?
Réponse 3 : vous le savez, d'un point de vue juridique ou politique. Il est difficile de dire comment cette jurisprudence électorale zambienne peut affecter les élections ailleurs en Afrique. Mais je pense que les partis dans les pays où des élections sont prévues peuvent tirer des leçons des messages envoyés par le parti d'opposition en Zambie, qui sera bientôt le parti au pouvoir. Mais ils peuvent également apprendre en termes d'environnement juridique, et imiter la commission électorale zambienne en ce qui concerne l'organisation des élections. Comme je l'ai dit au début, il y a eu une application très stricte et souvent impartiale du code électoral. Et c'est important pour le succès de toute élection prévue l'année prochaine.