Ahmed Ekrou alias "Korondi" , figure de la société civile au Niger, a été condamné mardi à six mois de prison, dont deux fermes, pour avoir critiqué les gendarmes engagés dans la lutte anti-djihadiste.
Niger : deux mois fermes pour des critiques contre les gendarmes
"Ce mardi 15 juin 2021, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Diffa a condamné l'acteur de la société civile, Ahmed Ekrou dit Korondi, membre du Comité de veille citoyenne, à six mois de prison dont deux mois fermes et 1 000 000 FCFA (1 846 euros) d'amende" , a indiqué à l'AFP Kaka Touda, membre d'une ONG nigérienne.
L'activiste est accusé de "diffusion de message troublant l'ordre public" et "atteinte à la dignité humaine" pour avoir critiqué des gendarmes investis dans la lutte contre les djihadistes présents dans la région de Diffa (sud-est), précise Mara Mamadou, autre responsable de la société civile. Le Comité de veille citoyenne est un regroupement d'organisations de la société civile, d'associations et de syndicats crées en 2015. Objectif : "Coordonner la lutte et la défense des droits humains dans la région de Diffa" , selon Mara Mamadou.
Attaques meurtrières
Ahmed Ekrou a été interpellé le 7 juin "suite à la diffusion sur Whatsapp d'un message vocal dans lequel il a un peu parlé de l'attitude de la gendarmerie, qu'il a jugée quelque peu passive dans la lutte contre Boko Haram" , selon Kaka Touda. Il avait formulé ces critiques après une attaque le 5 juin contre la position militaire SONIDEP (Société nigérienne du pétrole), située à l'est de la ville de Diffa.
La région de Diffa au Niger est en proie aux attaques meurtrières depuis 2015, alors qu'elle abrite 300 000 réfugiés nigérians et déplacés, fuyant les exactions des djihadistes, selon l'ONU. Les autorités de Diffa attribuent généralement les attaques perpétrées dans leur région aux djihadistes de Boko Haram ou à sa branche dissidente du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).