D'anciens Casques bleus éthiopiens originaires du Tigré, région du nord de l'Ethiopie en proie à une guerre meurtrière depuis novembre, ont demandé l'asile au Soudan, craignant pour leur vie s'ils retournent dans leur pays.
Tigré : des Casques bleus éthiopiens se réfugient au Soudan
Ces anciens membres des forces onusiennes de maintien de la paix devaient initialement être rapatriés depuis le Soudan vers l'Ethiopie voisine, la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour (Minuad) s'étant terminée le 31 décembre. Mais début mai, les Nations unies ont annoncé que 120 anciens Casques bleus de la Minuad avaient demandé la "protection internationale" .
Halka Hakous, chef du groupe d'ex-soldats réfugiés dans le camp d' Oum Gargour , dans l'Etat de Gedaref (est du Soudan), a expliqué à l'AFP refuser de retourner en Ethiopie "en raison de la persécution et de l'épuration ethnique qui a lieu" au Tigré, et dont il impute la responsabilité à Addis Abeba .
Province dissidente, le Tigré est le théâtre d'une guerre sanglante depuis novembre et les premières opérations militaires lancées par le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed , contre le Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF), qui dirige la région et défie l'autorité du gouvernement fédéral.
Des milliers de réfugiés
Le conflit a poussé environ 60 000 personnes à se réfugier au Soudan, pays en crise économique et en pleine transition politique depuis la chute, il y a deux ans, de l'autocrate Omar el-Béchi r. Agé de 40 ans, l'officier Arkaoui Mahari affirme que toutes les familles ont été déplacées. "Je ne sais pas où se trouve mon père et ma mère" .
"Nous sommes issus du peuple tigréen, c'est pourquoi ils nous ont persécuté et nous ont dit que nous étions des agents du TPLF (...). Si je retourne en Ethiopie, ils me tueront ou me torturerons" , affirme Farouini, une soldate de 29 ans.
Déployée depuis 2007, la Minuad a débuté en janvier le retrait des quelque 8 000 de ses membres, policiers et civils. Le conflit au Darfour, qui a débuté en 2003 entre forces loyales au régime de Khartoum et insurgés, a fait environ 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.
Loin d'être au beau fixe, les relations entre le Soudan et l' Ethiopie sont par ailleurs crispées par des différends au sujet du méga-barrage construit par Addis Abeba sur le Nil et un territoire frontalier qu'ils se disputent.