L'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique représente 79 pays et plus d'un milliard de personnes. Il y a un peu plus d'un an, le groupe, plus connu sous l'acronyme ACP, s'est transformé en une organisation internationale, avec comme Secrétaire général l'Angolais Georges Chikoti, à un moment où le monde était confronté à de nouveaux défis.
Chikoti : "L'ACP doit lutter contre la pauvreté et les catastrophes"
M. le Secrétaire général, merci d'être avec nous. De groupe informel vous êtes maintenant une organisation internationale. Pourquoi ce changement ?
Les exigences du temps et la pression du sous-développement ont fait que les sommets - le 8e et le 9e sommet - ont estimé que l'organisation devait devenir une organisation internationale après Cotonou et à la signature de l'après-Cotonou.
Les chefs d'État ont donc estimé que les pays en développement avaient accumulé une expérience importante dans leurs relations avec l'Europe. C'est ce bilan que les chefs d'État ont voulu maintenir, mais ils voulaient aussi s'assurer qu'en devenant une organisation internationale, qu’au moment du changement, nous maintiendrions la relation que nous avons eue pendant plusieurs années avec l'Union européenne.
En même temps, nous deviendrions aussi une organisation internationale et nous maintiendrions la relation avec d'autres partenaires internationaux, dans une perspective plus multilatérale, mais en gardant les objectifs essentiels des 79 pays que nous représentons, c'est-à-dire la lutte contre la pauvreté, la lutte pour le développement économique et social mais aussi pour s'assurer que les questions environnementales deviennent de plus en plus importantes dans notre agenda.
Vous avez signé, en avril, ce nouvel accord de partenariat avec l'Union européenne. Que change-t-il ?
L'accord, en plus d'impliquer les mêmes pays, a été divisé en trois régions. La dimension régionale change, mettant en avant les réalités de chacune des régions en termes de coopération. Alors que pour certains des pays membres de l'ACP, qui sont de petites îles où les défis environnementaux sont de plus en plus critiques et constituent donc une question centrale, d'autres pays sont confrontés à une certaine instabilité politique, par exemple sur le continent africain. D'autres sont plus intéressés par les questions liées au commerce ou au développement industriel. Toutes ces spécificités ont été prises en compte de sorte à ce qu’en plus d’avoir un seul accord, nous ayons aussi trois protocoles qui répondent spécifiquement à la réalité de chaque région.
Votre agenda pour 2030 comporte des objectifs ambitieux : élimination de la pauvreté, développement économique, social et environnemental. La pandémie met-elle en péril la réalisation de ces objectifs ?
Je ne pense pas. Dans une certaine mesure, cela peut aussi aider à tout reconsidérer. Lorsque vous regardez les objectifs du millénaire, avec l'agenda 2030, les pays n'ont pas souvent réussi à situer les questions d'impact environnemental. Et, dans notre lutte contre la pauvreté, bien souvent, nous n'avons pas pensé à l'environnement dans lequel nous vivons et de ce qui est, en fait, la dimension de préoccupation qui a été placée dans notre programmation.
Avec l'agenda 2030, on constate que la plupart des pays comprennent qu'il est nécessaire de mieux se coordonner pour atteindre ces objectifs. La pandémie en elle-même implique également un meilleur comportement de la part des personnes, car jusqu'à présent, nous avons probablement tous été un peu irresponsables.
La pandémie pourrait probablement retarder certaines choses, mais aussi en accélérer d'autres, car nous sommes de plus en plus conscients de la nécessité de créer un environnement mondial sain avant de pouvoir passer à d'autres questions, certainement importantes.
Vous avez également souligné que vous êtes engagés, comme partout dans le monde, dans la lutte contre le changement climatique avec le programme ClimaSA, avec le soutien de l'Union européenne. Quel est ce programme ?
Ce programme vise essentiellement à amener les pays à se concentrer de plus en plus sur les questions liées aux changements majeurs, tels que les typhons, qui affectent radicalement de nombreuses îles que nous représentons, les sécheresses et les inondations, qui touchent souvent de manière inattendue de grandes communautés, causent des décès, détruisent des biens et déplacent des personnes. Tous les pays se consacrent davantage aux questions environnementales et ont également accès à des financements pour toutes les initiatives qu'ils peuvent créer afin de développer des politiques de prévention pour l'avenir.