Sur cette paisible île de l'océan Indien qui vit depuis des siècles au rythme des ânes, un vent de modernité s'y est invité avec l'apparition des moto-taxis. Leur présence divise dans cette ville de Lamu au Kenya.
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Les ânes étaient depuis toujours le seul moyen de locomotion terrestre, transportant hommes, marchandises, pierres de taille. Les autorités du comté cherchent désormais un équilibre.
"Le fait d'être un site du patrimoine mondial est l'un des facteurs très importants qui attirent les touristes à Lamu et nous ne voulons donc pas perdre cela. Nous ne voulons donc pas perdre cela. En même temps, nous voulons nous assurer que nos concitoyens, nos jeunes, sont engagés dans des activités de subsistance légales afin de gagner leur vie. C'est pourquoi nous disons que nous voulons trouver un équilibre entre la modernité et l'histoire" , explique le vice-gouverneur du comté de Lamu, Abdulhakim Aboud.
Certains habitants et commerçants exaspérés par les nuisances estiment que ces moto-taxis nient l'identité de l'île, selon eux, la ville de Lamu pourrait être classée patrimoine en péril, lors de la prochaine réunion de l'UNESCO. Mais pour ces jeunes la réalité est autre.
"Ils se plaignent tous que nous sommes un patrimoine mondial de l'Unesco , mais nous jeunes , nous ne voyons pas les avantages de cela. En ce qui me concerne, dès que je quitte ma maison, mon objectif est de gagner de l'argent et je ne suis pas sûr que vivre sur un site patrimoine de l'Unesco peut m'aider à mettre un repas sur la table, tout ce que je veux, c'est prendre ma moto. Je ne vois aucun avantage d'être un site patrimoine souligne, un chauffeur de moto-taxi."
La manne touristique s'est quelque peu tarie ces dernières années, notamment après des attaques de djihadistes shebabs dans la région en 2014. En plus du tourisme, la pêche, qui fait vivre l'archipel depuis des générations, est également moins florissante, notamment depuis que le chantier du Lapsset, gigantesque port commercial et pétrolier en construction à quelques kilomètres au nord, a privé les pêcheurs locaux de certaines zones poissonneuses.