Au lendemain de l'évasion de plus de 1 800 prisonniers, la police nigériane ordonne aux services de sécurité "d'utiliser leurs armes contre les membres du mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB).
Nigeria : la police appelle à "détruire" les séparatistes biafrais
Les voitures carbonisées gisent encore devant le quartier général de la police d'Owerri lorsque l'inspecteur général de la police, Muhammed Adamu, accompagné du gouverneur de l'Etat d'Imo, arrive constater les dégâts de la spectaculaire libération de la veille.
1 844 détenus évadés , des véhicules détruits, des armes pillées dans un commissariat pris d'assaut une enceinte de centre pénitencier attaquée à l'aide d'explosifs : le bilan de l'attaque, considérée comme la plus grande évasion de l'histoire moderne du Nigeria , est très embarrassant pour les autorités nigérianes.
Pour le chef de la police, aucun doute. Le mouvement des peuples autochtones du Biafra (IPOB, Indigenous People of Biafra en anglais) est derrière cette attaque. Et les mots sont durs envers les accusés. L'inspecteur général de la police a demandé aux forces de sécurité " d'utiliser leurs armes contre les membres de l'IPOB (Indigenous People of Biafra) et de les détruire jusqu'au dernier homme ".
De son côté, Emma Powerful, porte-parole du groupe, a démenti toute implication dans l'évasion de la prison d'Owerri, qualifiant ces accusations de "mensongères" et "fallacieuses". " Ce n'est pas notre mission d'attaquer les services de sécurité ou les prisons ", a assuré Emma Powerful, leur porte-parole, dans un communiqué.
50 ans après la terrible guerre civile du Biafra (1967-1970) qui a fait près d'un million de morts, en majorité issus de l'ethnie igbo, les tensions restent fortes entre les groupes sécessionnistes biafrais qui réclament un Etat indépendant dans le sud-est du Nigeria et le pouvoir central nigérian.
Milice civile ou bras armé
Bien que les autorités aient appelé la population à " continuer à vaquer à ses occupations " et assuré contrôler la situation, les riverains craignaient de sortir de chez eux , notamment de peur des représailles des autorités.
" Les équipements de la police et de l'armée ont été entièrement détruits et vous me demandez s'il y a de l'appréhension? " à propos de ce qu'il va se passer ensuite, demande George Onyemuwa, un habitant, à un journaliste de l'AFP. " Les gens ont peur des représailles, donc moi je prends mon temps " avant de sortir de chez moi, explique-t-il.
Damian Duruiheoma, un journaliste local, affirme que les craintes sont nombreuses à Owerri, comme dans les villes environnantes. " Beaucoup ont peur que les détenus aillent se venger sur ceux qui les ont conduits en prison et les autres ont peur des représailles " des forces de sécurité contre la ville, poursuit-il.
Fin janvier, des violences avaient éclaté à Owerri entre l'armée et des communautés locales, accusées de soutenir les indépendantistes, faisant au moins un mort et de nombreux dégâts.
L'IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment publié des vidéos très impressionnantes d'une nouvelle milice, baptisée " Réseau sécuritaire de l'Est " (ESN ), dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l'entraînement.
Les militants de l'IPOB affirment " protéger les communautés et les villages des éleveurs nomades peuls ", venus du nord du pays, et se défendent d'être le bras armé de la mouvance indépendantiste, ce qui les désignerait directement comme des séparatistes armés.
Lundi, le président Muhammadu Buhari , n'a pas désigné le groupe comme responsable de cette attaque, mais a qualifié ses auteurs de " terroristes " et " d'anarchistes ".