Au moins 35 personnes ont été tuées, dont un militaire, dans des affrontements entre éleveurs et cultivateurs dans le sud du Tchad, en proie à des conflits meurtriers entre ces communautés, a indiqué mercredi à l'AFP le secrétaire général de la province.
Tchad : au moins 35 morts dans des violences entre éleveurs et cultivateurs
Des cultivateurs ont été attaqués par des coupeurs de route. "Cette attaque a fait un mort et deux blessés" , a indiqué Mara Maad. En représailles, les cultivateurs, qui accusent les éleveurs d'être responsables, "ont attaqué lundi une zone où vivent les éleveurs" dans la province du Salamat, dans le sud-est du Tchad. Au total, "ces affrontements inter-communautaires ont fait 35 morts, dont un militaire" , a-t-il déclaré.
Des forces de l'ordre ont été déployées dans la province. Le retour au calme est intervenu lundi après-midi. "Ce drame est parti d'un incident avec des coupeurs de route" , des voleurs armés qui opèrent en embuscades sur les routes. "Cette fois-ci, ce n'est pas lié à la dévastation d'un champ" , a estimé Mara Maad.
Les violences entre communautés sont fréquentes dans le sud du Tchad, où nombre d'habitants sont armés. Ils opposent principalement éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires , qui accusent les premiers notamment de saccager leurs champs en faisant paître leurs animaux.
"Les conflits se sont généralisés dans presque toutes les provinces du Tchad dans le sud, le centre et l'est ces dernières années et elles prennent des proportions inquiétantes" , a estimé le politilogue tchadien Evariste Ngarlem Tolde, interrogé par l'AFP. "Les autorités locales ont un parti pris flagrant puisqu'elles détiennent des troupeaux, ce qui ne facilitent pas le règlement à l'amiable de ces conflits inter-communautaires" , poursuit-il.
Fin novembre, au moins 22 personnes avaient été tuées dans des affrontements entre éleveurs et cultivateurs dans le département de la Kabbia, dans le sud du pays, après la destruction d'un champ par des bœufs. Et entre décembre et début janvier, près de 50 personnes sont mortes au Tchad dans d'autres conflits entre tribus. Lors de son allocution du 31 décembre, le président tchadien Idriss Déby Itno s'était dit "affligé" et "consterné" par les affrontements meurtriers survenus dans plusieurs localités ces derniers mois.
Le sud du Tchad, au climat plus clément et à la végétation plus verte, attire depuis longtemps les éleveurs des zones sahéliennes désertiques du nord , et est une région de transhumance. Certaines communautés nomades arabes s'y sont installées de longue date et s'opposent aux agriculteurs autochtones dans des conflits fonciers.