Le barrage d'Assouan fête ses 50 ans et reste controversé

Le haut barrage d'Assouan après la cérémonie d'inauguration à Assouan, en Égypte, le 15 janvier 1971.   -  
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ASSOCIATED PRESS/AP1971

Le 15 janvier 1971, le Haut barrage d'Assouan sur le Nil, projet pharaonique de l'Egypte nassérienne construit avec le concours des Soviétiques, était inauguré, permettant d'accroître ses ressources énergétiques et d'étendre ses zones irriguées . Mais l'ouvrage a suscité de vifs débats. Ses détracteurs lui reprochent notamment d'avoir diminué en aval le limon fertilisant et réduit la surface du delta du Nil rongé par la Méditerranée .

Et il a surtout provoqué un important transfert de la population nubienne, dont les terres ont été en grande partie submergées par les eaux du lac Nasser, en amont du barrage.

- Un rêve nassérien -

Depuis qu'il a pris les rênes du pouvoir en 1954, Gamal Abdel Nasser rêve d'ériger un barrage sur le Nil pour augmenter de 30 % la superficie des terres cultivables.

L'Egypte disposait déjà à Assouan d'un barrage construit par les Anglais, inauguré en 1902. Mais dans les années 1950, devant l'accroissement de la population, les autorités cherchent à augmenter les ressources énergétiques et à étendre les zones irriguées, en évitant crues et sécheresses.

Un premier projet d'accord est signé avec les Etats-Unis fin 1955. Le Royaume-Uni promet d'être partie prenante.

Mais l'hostilité de Nasser au " pacte de Bagdad ", une alliance régionale impulsée par Washington et Londres qui vise à endiguer l'influence de Moscou dans la région, conduit notamment les Etats-Unis à se retirer du projet en juillet 1956.

Quelques jours plus tard, Nasser, héraut du panarabisme et du mouvement des non-alignés, riposte en annonçant la nationalisation du canal de Suez.

Celle-ci conduira trois mois plus tard à l'attaque anglo-franco-israélienne contre l'Egypte, qui tournera au fiasco.

- "Symbole de l'amitié" avec l'URSS -

Entretemps, la Russie a offert de financer le barrage et le 9 janvier 1960 Nasser lance le début des travaux de construction.

Le 14 mai 1964, le " raïs " et le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev assistent à la mise en eau du Haut barrage.

Nasser rend hommage à l'URSS, à ses ingénieurs et ouvriers qui ont collaboré à l'édification du barrage "symbole durable de l'amitié" entre les deux pays.

- Transfert des Nubiens -

Le projet menace cependant les trésors de l'ancienne Nubie, partageant son territoire entre l'Egypte et le Soudan actuels, et dont les frontières s'étendaient le long du Nil .

Vingt-quatre temples et chapelles pharaoniques et gréco-romains risquent d'être engloutis puisque la mise en oeuvre du projet doit entraîner la formation d'un immense lac artificiel, le lac Nasser.

L' Unesco coordonne alors le plus grand sauvetage archéologique de l'histoire. Une vingtaine de monuments gigantesques sont démontés et réédifiés à l'abri des eaux, dont les célèbres temples d'Abou Simbel.

Les terres de l'ancienne Nubie sont toutefois en grande partie submergées par les eaux et une part importante de la population est contrainte de quitter les rives fertiles du Nil pour les campagnes arides du Sud ou les grandes villes .

- "Dompter les eaux du Nil" -

Le 15 janvier 1971, trois mois après la mort de Nasser, son successeur Anouar al-Sadate, accompagné du président du Soviet suprême Nikolaï Podgorny , inaugurent l'ouvrage et visitent la gigantesque centrale hydroélectrique.

Le président soviétique cite le " raïs ", pour lequel cette construction était " la réalisation des rêves du peuple égyptien en vue de dompter les eaux du Nil ".

Sadate rend un vibrant hommage à l'URSS pour son soutien politique et économique.

Le Haut barrage peut retenir plus de 160 milliards de m3 d'eau par an dans le lac Nasser. Les douze turbines installées sur le barrage produisent dix milliards de kilowatts d'électricité.

Pendant onze ans, 36 000 ouvriers égyptiens et plus de 2 000 experts soviétiques se sont relayés sur les chantiers. L'URSS en aura financé 40% alors que le reste a été payé par l'Egypte en coton, sous forme de troc.

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