La tête du leader déchu du Tigré mise à prix

Le président de la région du Tigré, Debretsion Gebremichael, à Makele en fevrier 2020   -  
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Les autorités éthiopiennes ont promis vendredi, une récompense de 210 000 euros à quiconque permettrait de localiser le président déchu de la région du Tigré.  Debretsion Gebremichael, ennemi numéro un d’Addis-Abeba n’a plus donné de ses nouvelles depuis l’entrée des troupes gouvernementales à Makele, la capitale du Tigré le 28 novembre. 

Mais où se cacherait donc le chef du Front de libération du peuple du Tigré ? La réponse vaut désormais de l’or. Dans les montagnes du Tigré peut-être, là où, dans sa jeunesse, il a appris les principes de la guérilla. Il a d’ailleurs promis de poursuivre à partir de ces montagnes, la lutte contre l’envahisseur. Terme utilisé pour désigner le régime d’Addis-Abeba.

Les relations entre Debretsion et Abiy Ahmed se sont détériorées en 2018. Le premier accusant le second de stigmatiser sa communauté.

En septembre de cette année, Debretsion organise de maniéré unilatérale,  les élections régionales remportées par le TPLF, son parti qui ne reconnait plus le pouvoir fédéral. Addis-Abeba menace alors de priver la région de ses financements. Le 4 novembre, le Premier ministre éthiopien accuse le Tigré d’avoir attaqué une base militaire gouvernementale. La hache de guerre était alors déterrée.

- Un homme calme-

Cet homme de petite taille à la voix douce, réputé calme et travailleur, a une certitude : "la communication était centrale pour notre lutte, elle était pour nous l'essence de la lutte", a-t-il raconté en 2008 à Iginio Gagliardone, chercheur à l'Université sud-africaine de Wits et auteur de "Politics of Technology in Africa".

La communication a permis de "mobiliser la société contre le régime du Derg" et "de convertir les gens, de leur faire penser de façon différente", lui a-t-il expliqué.

En 1991, le TPLF renverse le régime d'Hailemariam Mengistu et prend le pouvoir à la tête d'une coalition de partis, l'EPRDF, qu'il contrôle totalement.

M. Debretsion reprend ses études, obtenant une maîtrise en ingénierie électrique à l'Université d'Addis Abeba, puis quelques années plus tard un doctorat en communications et développement d'une université américaine en ligne.

Il retourne ensuite au TPLF où ses compétences et sa loyauté lui valent des postes importants qui le placent au cœur du secteur des télécoms et de la communication, aux mains de l'Etat-TPLF.

Il est notamment directeur adjoint du puissant Service national de renseignement et de sécurité (NISS), président d'Ethio Telecom, l'unique opérateur du pays, ministre des Télécommunications et des Technologies de l'Information et directeur général de l'Agence éthiopienne de développement des Technologies de l'Information et de la Communication.

Il est aussi, à cette époque, au centre du développement et de l'extension par le gouvernement d'une infrastructure permettant de diffuser de la propagande, de contrôler l'information et de mener une surveillance élargie et souvent intrusive des citoyens.

Debretsion personnifie "les forts liens entre Ethio Telecom, l'appareil de renseignement et le ministère des Communications", expliquait en 2014 Human Rights Watch, alors que l'intéressé était l'un des trois vice-Premiers ministres du pays.

Fin 2017, Debretsion prend la tête du TPLF, alors cible d'un mouvement de contestation inédit en près de 30 ans de pouvoir, qu'il est incapable d'endiguer.

En 2018, le Premier ministre Hailemariam Desalegn cède à la rue et démissionne. M. Debretsion se porte candidat à sa succession, mais est largement battu par Abiy Ahmed, un Oromo, signe des divisions au sein du TPLF.

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