Pancarte en mains, des Somaliens ont appelé à la démission du président Abdullahi Mohamed Farmajo, qu'ils accusent d'expressément retarder le vote des deux chambres du parlement. Le scrutin devait en principe avoir lieu au début du mois décembre, mais il a été reporté sans décision officielle pour des désaccords sur la composition de la commission électorale.
La rue appelle le président somalien à la démission
Au nom du peuple, je dis que Mohamed Abdullahi Farmajo ne peut pas truquer les élections nationales, et les membres de l'État fédéral ne peuvent pas l'aider à le faire. Il ne peut pas organiser les élections à Mogadiscio en utilisant les agents de l'agence nationale de renseignement et ses partisans. Nous sommes ici pour que la démocratie s'exerce, nous sommes ici pour rappeler au président de retrouver ses esprits et nous sommes ici, peuple somalien, pour enfin gagner explique un manifestant.
Ces protestataires dénoncent une tentative de confiscation du pouvoir savamment orchestrée par le président et son gouvernement. Les manifestations de ce mardi dans la capitale n'ont pas fait de morts, des échanges de coups de feu avec la police ont été signalées par plusieurs témoins.
Froid diplomatique
C'est dans l'attente de ce vote, que Mogadiscio a rompu ses liens diplomatiques avec son voisin le Kenya, l'accusant d'interférer dans sa politique. Après des mois de tensions croissantes entre les deux voisins, Nairobi, a confirmé avoir reçu des dirigeants du Somaliland, cet Etat séparatiste que Mogadiscio considère comme faisant partie de son territoire.
Le ministre somalien de l'information Osman Abukar Dubbe a expliqué mardi aux journalistes que les diplomates kényans à Mogadiscio avaient sept jours pour quitter le territoire, et a aussi annoncé dans le même temps le rappel des diplomates somaliens à Nairobi.
Le gouvernement a pris cette décision pour répondre aux violations politiques flagrantes et récurrentes et aux interférences du Kenya contre la souveraineté de notre pays, explique Mogadiscio.
Les responsables somaliens n'ont pas fait état de griefs spécifiques concernant la décision de rompre les relations diplomatiques. Mais l'annonce a été faite alors que le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, recevait à Nairobi le président de la région indépendante autoproclamée du Somaliland, Muse Bihi Abdi.