Le fossé se creuse au Soudan entre militaires et civils membres du conseil souverain de transition, sur fond de crise économique.
Soudan : tensions au sein du Conseil souverain de transition
L'inflation a atteint 143 % le mois dernier, alors que le marasme économique mondial causé par le coronavirus a aggravé la pénurie de devises fortes au Soudan.
Les critiques concernant le contrôle de l'économie par les militaires un an après la chute d'Omar al Bashir ne sont pas passées. Dans un discours aux troupes lundi, le général Abdel Fattah al-Burhan, a dénoncé une campagne de décrédibilisation.
"Ces sociétés gouvernementales, lorsque nous les avons comptées, nous en avons compté 421, toutes des sociétés gouvernementales et non affiliées à l'armée. Nous avons seulement constaté que plus de 200 d'entre elles fonctionnent officiellement. Les autres sont contrôlées par le gouvernement, les institutions, les ministères et les sociétés d'État qui n'ont ni base ni crédibilité. Nous avons présenté ce dossier dans son intégralité devant les conseils des ministres mais jusqu'à présent nous n'avons pas d'autres détails et aucune décision n'a été prise".
Vendredi, le Premier ministre Abdalla Hamdok s'était plaint que ses ministres ne contrôlaient "que 18 %" du secteur public, ce qui entravait sérieusement leurs efforts pour sauver l'économie.
Après la chute d'Omar Al-Bachir en avril 2019 et plusieurs mois de contestation populaire depuis décembre 2018, la signature d’un accord le 17 août 2019 entre un ancien militaire du régime déchu, Mohammed Hamdan Daglo (dit Hemeti), et Ahmed Al-Rabie, représentant de l’Alliance pour la Liberté et le changement (ALC) a ouvert la voie à la formation d’un Conseil souverain. Composé de 11 membres, cinq militaires et six civils, il est depuis le 21 août 2019 chargé d’assurer une transition politique d’ici à 2022 vers un régime civil et une nouvelle constitution. Le général Abdel Fattah al-Burhan, en est le président pendant 21 mois. Un civil doit ensuite prendre le relais pour les 18 mois restants. Aujourd'hui, les civils redoutent la mainmise des militaires dans la durée.