La multiplication des attaques jihadistes au Burkina Faso depuis 2017 a entrainé la fermeture de 2.500 établissements scolaires, privant 350.000 élèves d’accès à l‘éducation, selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié mardi.
Comment les jihadistes ont tué l'école au Burkina
“Non seulement les groupes armés islamistes qui ciblent des enseignants, des élèves et des écoles au Burkina Faso commettent des crimes de guerre, mais ils balaient des années de progrès ayant facilité l’accès des enfants à l‘éducation”, souligne Lauren Seibert, chercheuse et auteure du rapport.
Depuis 2017, des groupes armés islamistes visent des enseignants et des écoles au Burkina Faso, invoquant leur opposition à l‘éducation occidentale et aux institutions gouvernementales.
Citant le ministère de l‘Éducation, le rapport fait état de 2.500 écoles fermées, privant près de 350.000 élèves d’accès à l‘éducation. Au moins 222 travailleurs de l‘éducation ont été “victimes d’attaques terroristes”, selon le ministère.
“Les attaques brutales commises par des groupes armés islamistes contre le secteur de l‘éducation au Burkina Faso ont coûté à des enseignants leur vie, leurs moyens de subsistance ou leur santé physique et mentale, et continuent de coûter à des centaines de milliers d’enfants leurs perspectives d’avenir”, affirme Lauren Seibert.
Dans ce rapport de 114 pages, Human Rights Watch a documenté 126 attaques et menaces armées visant des professionnels de l‘éducation, des élèves et des écoles, plus de la moitié de ces attaques s‘étant déroulées en 2019.
Depuis le début des attaques contre les écoles, au moins 12 professionnels de l‘éducation ont été tués et 17 agressés ou enlevés dans les attaques documentées, de nombreux autres ayant été détenus de force et menacés, selon les autorités burkinabè.
Cinq enseignants abattus
Parmi les personnes tuées figurent cinq enseignants abattus dans une école primaire, quatre enseignants et administrateurs enlevés et tués, dont deux décapités, ou encore un enseignant bénévole retraité abattu alors qu’il donnait des cours de soutien à des enfants.
Des enseignants et des administrateurs d‘établissements scolaires ont raconté à HRW qu’ils avaient été enchaînés ou attachés, parfois avec les yeux bandés, battus, et que leurs biens avaient été volés ou brûlés.
Suspendus depuis mi-mars, en raison de l‘épidémie du coronavirus, les cours dans les établissements scolaires et universitaires doivent reprendre progressivement à compter du 1er juin, selon le gouvernement.
Le Burkina Faso est en proie à de fréquentes attaques jihadistes, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires. Ces attaques jihadistes ont fait près de 900 morts depuis 2015, et contraint près de 840.000 personnes à fuir leurs foyers.
Les violences entremêlées qui touchent toute cette partie du Sahel ont fait au total en 2019 quelque 4.000 morts au Mali, au Burkina Faso et au Niger, selon l’ONU.
AFP