Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a ratifié une série d’amendements à la loi sur l‘état d’urgence qui étend ses pouvoirs, une mesure prise en pleine pandémie de Covid-19 et dénoncée par des ONG.
Coronavirus en Egypte : les pouvoirs de Sissi étendus dans le cadre de la loi d'urgence
Jeudi, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dans un communiqué les amendements, approuvés par le Parlement fin avril, les qualifiant de “couverture” pour la mise en place de “nouveaux pouvoirs répressifs”.
“Le gouvernement du président Sissi utilise la pandémie pour étendre, et non réformer, la loi d’urgence abusive en Egypte”, a indiqué Joe Stork, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Les amendements, publiés au journal officiel jeudi soir, permettent au président d’ordonner la fermeture des écoles, la suspension des services publics, l’interdiction des rassemblements publics et privés et le placement en quarantaine des voyageurs entrant dans le pays.
Ils permettent aussi au président de limiter le commerce de certains produits, de réquisitionner les centres médicaux privés et de transformer des écoles, centres éducatifs et autres établissements publics en hôpitaux de campagne.
Le procureur militaire sera également autorisé à assister le ministère public pour enquêter sur des crimes rapportés par les forces armées responsables du respect des lois sous l‘état d’urgence.
M. Stork a souligné que bien que certaines de ces mesures soient nécessaires en temps de crise sanitaire, “elles ne doivent pas entraîner des abus”.
“Recourir à la sécurité nationale et à l’ordre public comme une justification reflète la mentalité sécuritaire qui gouverne l’Egypte de Sissi”, a-t-il ajouté.
L’Egypte a officiellement enregistré 7.981 infections, dont 482 décès et 1.887 guérisons.
Le pays est sous état d’urgence renouvelé depuis un attentat revendiqué par un groupe jihadiste affilié à l’Etat islamique (EI) en avril 2017.
La législation d’exception élargit considérablement les pouvoirs de la police en matière d’arrestation, de surveillance, de déplacements et réduit les droits constitutionnels tels que la liberté d’expression.
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AFP