Invité de nos confrères de RFI (Radio France internationale), le président français s’est ainsi prononcé sur la dette abyssale des pays africains. Pour le chef de l’Elysée, ce moratoire est “une étape indispensable” qui pourrait aider le continent à supporter la crise financière mondiale due à la pandémie la plus dévastatrice jamais observée depuis l’existence de l’Homme moderne.
Un moratoire sur la dette des pays africains est "indispensable" (Emmanuel Macron)
Le président français a demandé par la même occasion aux pays du G20 (groupe des 19 pays les plus riches de la planète plus l’Union européenne, NDLR) de se pencher sur ce moratoire, au moment même où la pandémie se fait de plus en plus présente sur le continent africain dont les pays, criblés de lourdes dettes de longue date, présentent une économie fragile.
Selon Macron, ce moratoire (mesure d’exception qui intervient dans le cadre d’une relation entre créancier et débiteur, qui permet la suspension des paiements et ajourne les échéances dues en raison de certaines circonstances, NDLR) “est une première mondiale. Le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C’est une étape indispensable et je pense que c’est une formidable avancée”.
Se voulant insistant sur la question, le président français a ajouté que “Chaque année, un tiers de ce que l’Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C’est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années”.
Macron a même poussé le bouchon plus loin, se disant “favorable à une initiative d’annulation de dette massive. Nous devons absolument aider l’Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons à fortiori l’aider sur le plan économique”.
Pour ceux qui se demandent pourquoi des pays africians prolongent le confinement de leurs populations, la réponse semble venir du président français :
Le confinement comme condition de l’aide financière européenne ?
“J’ai beaucoup parlé avec mes partenaires africains pour qu’ils décident au maximum des confinements et qu’ils retardent l‘épidémie. Plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l’aide, parce qu’on n’aura pas le pic épidémique au même moment.”
Le président sénégalais Macky Sall s‘était déjà prononcé sur la question de la dette, bien avant son homologue français. Pour Sall, la crise provoquée par la pandémie du covid-19 est l’occasion de définir un nouvel ordre mondial et cela passe, entre autres, par l’annulation pure et simple de la dette des pays africains et non par un simple moratoire.
Pour sa part, le Jubilee Debt Campaign (coalition d’organisations nationales et de groupes locaux autour du Royaume-Uni, qui en appelle à l’annulation des dettes ‘‘injustes et impayables’‘ des pays les plus pauvres, NDLR) a publié un rapport paru en 2018, après avoir mené ses investigations sur la dette de 48 pays africains sur les 54 que compte le continent.
D’après ce rapport, la Chine est le plus gros créancier de l’Afrique, pesant environ 20% dans sa dette extérieure. En Afrique subsaharienne par exemple, la dette publique représentait 45 % du PIB à la fin de l’année 2017. Ceci implique une hausse de 40 % en seulement trois ans. Et bien sûr, la Chine vient en tête des créanciers dans ce cas de figure.
‘‘Il ne faut pas que les pays acceptant d’accueillir des chantiers des routes de la Soie aient le sentiment que c’est un repas gratuit.’‘, avait averti Christine Lagarde, l’ex-patronne du FMI (Fonds monétaire inerantional) en avril 2018, au cours d’un forum sur les ‘‘Nouvelles routes de la Soie’‘ dans la capitale chinoise. Le message était clairement lancé en direction des dirigeants africains, entre autres.