Le président turc Recep Tayyip Erdogan hausse le ton face à la décision de l’Union européenne de déployer en Libye une mission militaire pour contrôler l’embargo sur les armes.
Libye : Erdogan s'oppose à un contrôle de l'UE sur les armes
Les Européens envisagent d’envoyer fin mars des navires de guerre dans les eaux à l’Est de la Libye pour contrôler le respect de l’embargo décrété par les Nations unies sur les livraisons d’armes au pays d’Afrique du Nord. Un projet qui devrait remplacer l’opération navale Sophia, lancée en 2015 et qui avait pour mission de contrôler le flux de migrants au départ de la Libye et s’assurer du respect de l’embargo imposé par les Nations unies depuis 2011.
Pour le président turc cependant, cette nouvelle initiative européenne n’a pour ambition que de « s’ingérer dans la région ». « Je tiens à mentionner spécifiquement que l’UE n’a pas le droit de prendre une décision concernant la Libye », a déclaré mercredi Erdogan lors d’un discours aux parlementaires de son parti au pouvoir au Parlement. « L’UE essaie de prendre la situation en main et d’intervenir », a-t-il ajouté.
Le conflit libyen débuté en 2011 à la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi a pris de nouvelles proportions depuis quelques mois avec l’ingérence de plusieurs puissances étrangères qui apportent leur soutien d’un côté au gouvernement reconnu par l’ONU, et de l’autre, au maréchal Haftar, basé à l’Est et opposant féroce au pouvoir de Tripoli.
Violation de la trêve
La Turquie et le Qatar soutiennent ainsi ouvertement le gouvernement de Tripoli, tandis que les Emirats arabes unis, l’Egypte, la Russie, de même que la France apportent leur appui au maréchal Haftar.
Le nouvel embargo décrété par l’ONU devrait permettre de d’atténuer les hostilités entre les deux camps. Fayez Al-Sarraj, le chef du gouvernement basé à Tripoli estime cependant qu’il « n’a aucun sens » tant que l’opération navale de l’UE ne se limite qu’aux frontières maritimes, a-t-il déclaré mercredi à des journalistes lors de sa visite au port de Tripoli, victime d’une attaque la veille.
Ce regain de violence a poussé M. Sarraj à se retirer des pourparlers de paix de Genève négociés par l’ONU. « Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu‘à ce que des positions fermes soient adoptées à l’encontre de l’agresseur (Khalifa Haftar) et ses violations » de la trêve, a indiqué le GNA dans un communiqué en référence à un cessez-le-feu fragile et peu respecté.
Une décision saluée par son allié, le président Recep Tayyip Erdogan.