L’arrivée massive des milliers des déplacés fuyant des massacres fait courir à Beni-ville (est de la République démocratique du Congo) “un double danger” d’infiltration par des membres du groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) et de propagation d’Ebola, s’est inquiété mardi son maire.
RDC : l'afflux des déplacés, un "double danger" pour Beni, selon le maire
Depuis samedi, 80% des habitants de la cité voisine de Mangina et ses environs ont déferlé vers le sud à Beni, redoutant l’imminence de nouveaux massacres, à cause de la présence des membres du groupe ADF dans cette zone, selon le maire de Beni, Jean Edmond Bwanakawa Nyonyi.
Cité d’environ 70.000 habitants, Mangina est située à 30 km au nord de la ville de Beni dans la province troublée du Nord-Kivu.
“Cette situation nous préoccupe parce qu’elle présente un double danger : de nouvelles contaminations au virus Ebola et des infiltrations de la ville par l’ennemi”, a déclaré à l’AFP M. Bwanakawa Nyonyi.
“Les ennemis qui font fuir les populations à Mangina et les autres coins peuvent en profiter pour infiltrer Beni et y commettre des massacres”, a-t-il expliqué, ajoutant que “la ville de Beni est très encerclée par des ADF”.
Une épidémie d’Ebola déclarée en août 2018, partie de Mangina, sévit dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Au total, 2.253 décès ont été enregistrés sur 3.431 cas.
“L’ennemi en divagation, battu à l’est (se déverse parmi) la population pour nous imposer sa tactique. Nous mettons en place des stratégies pour stopper ces avancées”, a réagi à la presse le général de brigade Sylvain Ekenge, porte-parole adjoint de l’armée congolaise, présent dans la zone.
Cinq des six chefs rebelles éliminés
Depuis fin octobre, l’armée congolaise mène des opérations contre le groupe ADF dans la partie est de la nationale numéro 4. L’armée a affirmé les avoir chassés de leurs principaux fiefs et avoir tué cinq de leurs six chefs.
En représailles à ces opérations militaires lancées contre leurs fiefs, les ADF sont accusés d‘être responsables de massacres d’au moins 350 civils, selon le décompte d’organisations de la société civile locale.
A l’origine, les ADF sont des rebelles musulmans ougandais qui se sont installés dans l’est de la RDC en 1995. Ils ne lancent cependant plus d’attaques contre les frontières de l’Ouganda voisin depuis des années.
Les ADF “possèdent les caractéristiques à la fois d’un groupe armé et d’une organisation criminelle, et semblent suivre une idéologie islamiste extrême”, selon un rapport remis au Conseil de sécurité des Nations unies.
AFP