Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion ivoirienne, poursuit sa tirade de sa défunte alliance avec le président ivoirien Alassane Ouattara. Face à la presse, mardi, à Paris, l’ex-Premier ministre ivoirien a déroulé une litanie des travers de la gouvernance de son ex-allié, accusé de n’avoir pas rempli ses engagements avec lui.
Face à la presse, Soro Guillaume révèle le « deal » qui le liait à Alassane Ouattara
A l’en croire, en 2006, à quelques mois de sa nomination comme Premier ministre sous le régime de Laurent Gbagbo, il a conclu un « deal » avec celui qui était l’opposant numéro 1 du régime, Alassane Ouattara. Ce « deal » se formulait en trois promesses, révèle M. Soro.
« Le premier engagement, c’est que s’il gagnait les élections, je devais être son Premier ministre, c’est-à-dire pour cinq ans (…) Le deuxième, je devais être le numéro 2 de son parti, le RDR. D’ailleurs ce poste de vice-président créé en 2008 était réservé à ma personne, dès que je finissais ma mission à la tête du gouvernement (…) Troisième engagement, il devait faire deux mandats et je devais lui succéder comme cela a été fait au Mali entre Alpha Omar Konaré et Amadou Toumani Touré. », a détaillé Guillaume Soro.
Pour corroborer ses propos, l’ancien président de l’Assemblée nationale en veut pour témoin l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré et un « guide religieux ivoirien » en présence de qui ces engagements ont été formulés.
« Sur les trois engagements pris, le premier n’a pas été respecté, le second n’a pas été respecté et visiblement le troisième ne le sera pas non plus. C’est pour cela qu’il y a quelques jours, j’ai dit que j’avais un sentiment de trahison » a confié celui qui dirige désormais le mouvement Génération et peuples solidaire (GPS) avec lequel il compte participer aux élections de 2020.
“Dérives autocratiques”
A ce sujet d’ailleurs, Soro Guillaume a réitéré sa détermination à participer à l‘échéance, en dépit de sa position d’exilé et d’un mandat d’arrêt lancé par la justice ivoirienne pour insurrection civile et militaire” pour s’emparer du pouvoir, ce qu’il nie. “Cette cabale ne détournera pas l’Histoire de son cours inévitable”, a-t-il lancé, en assurant : “Les Ivoiriens souhaitent le changement, c’est incontestable”.
La conférence de presse organisée en présence de ses avocats a par ailleurs été l’occasion pour Soro de dénoncer « les dérives autocratiques » des autorités ivoiriennes. Il dit donc attendre “beaucoup des Nations unies, de l’Union européenne” pour “éviter à la Côte d’Ivoire une nouvelle fracture, une nouvelle guerre”.
“Le pouvoir actuel est aux abois (...) les symptômes d’une dérive autocratique s’accumulent: intimidations, arrestations arbitraires et torture, baîllonnement de l’opposition et soumission de la justice au pouvoir exécutif”, a accusé l’ex-Premier ministre (2007-2012).
Dix ans après la crise de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts, le scrutin présidentiel ivoirien prévu en octobre s’annonce tendu. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.
Longtemps allié d’Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir pendant la crise post-électorale de 2010-2011, Guillaume Soro s’est ensuite brouillé avec lui, jusqu‘à la rupture début 2019. M. Ouattara, 77 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, laisse planer le mystère sur une possible candidature à un troisième mandat, bien que la Constitution n’en autorise que deux.