Bissau : la Cour suprême tente la clarté dans la confusion post-présidentielle

La Cour suprême de Guinée-Bissau a annoncé mardi attendre une vérification des procès-verbaux, mais non pas un nouveau comptage des voix du second tour de la récente présidentielle, en pleine querelle sur l’issue de cette élection.

Plus de trois semaines après le scrutin du 29 décembre, le nom du vainqueur reste disputé, entre Umaro Sissoco Embalo, issu de l’opposition, et Domingos Simoes Pereira, du parti dominant PAIGC. Les résultats publiés par la commission électorale donnent M. Embalo vainqueur avec 53,55% des voix.

Mais M. Pereira les conteste et la Cour suprême, qu’il a saisie, a rendu ces derniers jours deux arrêts maintenant le statu quo. La commission électorale estime “définitifs” les résultats qu’elle a annoncés. 

Un arrêt rendu vendredi par la Cour suprême signifie toutefois qu’elle ne l’entend pas ainsi, mais les exigences exactes de la Cour donnent lieu à des interprétations contradictoires. Les avocats de M. Pereira disent que la cour ordonne de recompter.

Le porte-parole de la Cour s’est présenté mardi devant la presse pour clarifier les choses. “Certains disent que l’arrêt exige de recompter les bulletins de vote”, a dit Salimo Vieira aux journalistes.

Mais, a-t-il ajouté, “à aucun moment il n’a été question dans ce document de nouveau décompte des voix”. “L’arrêt parle de vérification des procès verbaux au niveau national”.

“Il s’agit tout simplement de procéder à la vérification ininterrompue (d’une traite) de tous les procès-verbaux, du début à la fin, même si cela doit prendre plusieurs heures ou plusieurs jours, conformément aux dispositions du code électoral”, a-t-il dit.

Les modalités pratiques de ces vérifications et leurs conséquences finales sur l’issue de l‘élection n’apparaissaient pas clairement mardi.

Stabilité à tout prix

L’un des enjeux majeurs de cette présidentielle est la stabilité de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest de 1,8 million d’habitants en état de crise politique permanente.

Une stabilité indispensable aux réformes nécessaires pour combattre les maux de cette ancienne colonie portugaise coincée entre Sénégal, Guinée et océan Atlantique : pauvreté, corruption, trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud à destination de l’Europe.

Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’Etat, seize tentatives et une valse continue de Premiers ministres.

La présidentielle de 2014 a marqué le retour à un ordre constitutionnel jugé fragile. L’armée s’est tenue à l‘écart.

Le général Biaguê Na Ntam, chef d‘état-major, a mis en garde mardi contre toute tentative d’agitation. “L’armée ne permetra plus de perturbations dans ce pays”, a-t-il prévenu lors d’une cérémonie de remise de diplômes militaires.

“Si quelqu’un se lance dans une telle aventure, nous l’enverrons directement au cimetière”, a-t-il lancé.

S’adressant aux troupes, il leur a demandé : “Si quelqu’un sort dans la rue pour menacer la paix sociale, où l’enverrez-vous?” “Au cimetière”, ont répondu les soldats.

AFP
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