Dimanche, à Berlin, la capitale allemande, une dizaine de leaders du monde entier se réunissaient pour trouver une issue favorable au conflit libyen. Ou du moins, pour essayer de faire parler d’une seule les pays occidentaux qui ont nourri d’importants intérêts dans ce conflit.
Libye : que peut-on réellement attendre de la conférence de Berlin ?
À Berlin, il a été question qu’application stricte du cessez-le-feu négocié par la Russie et la Turquie, du désarmement des milices impliquées dans le conflit, de la préparation des pourparlers de Genève ou encore d’une meilleure répartition des revenus pétroliers entre les différents protagonistes.
En gros, les pays qui y participaient, en l’occurence la Russie, la Turquie, l’Algérie, l’Italie, le Congo… ont tous fait vœux pieux de participer à l’effort de paix en Libye. Et c‘était bien là l’une des recommandations de l’ONU qui a prévenu des conséquences néfastes de l’instance des interférences étrangères dans ce conflit.
Des positions toujours aussi tranchées
Quid des principaux protagonistes, le chef du gouvernement d’union nationale – Fayez Al-Sarraj – reconnu par l’ONU et de son rival le maréchal Haftar qui a initié une offensive en avril dernier afin de déloger le gouvernement de Tripoli, amplifiant ainsi les tensions dans le pays ? Difficile de connaître la position de ces deux acteurs d’autant qu’ils se sont murés dans un silence assourdissant avant même la clôture de la conférence.
Les deux hommes ont refusé de se rencontrer et n’apparaissaient sur aucune des photos de famille encore moins aux cérémonies de signature des différents accords. Le maréchal Haftar aurait, lui, refusé de signer l’accord. Ce lundi, la situation en Libye illustrait bien les disparités entre les deux camps.
Les forces d’Haftar ont continué d’occuper les terminaux pétroliers question de maintenir la pression économique sur les rivaux de Tripoli. La Libyan National Oil Corporation (NOC) a du reste signalé que des forces directement sous les ordres de Haftar avaient bloqué les exportations de pétrole des ports de Brega, Ras Lanuf, Hariga, Zueitina et Sidra. Des pipelines stratégiques ont par ailleurs été bloqués, restreignant la production à 72 000 barils/jour. Le plus bas niveau depuis 2011.
Autre fait marquant, les armes ont continué de parler par intermittence au sud de Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 12 janvier. Des tirs d’armes lourdes ont aussi été entendus depuis le centre-ville, avant qu’un calme relatif ne revienne.
“Réconcilier” les occidentaux
Bien que l’Union européenne et l’accord international de Berlin penchent pour un embargo des armes à destination de la Libye, sur le terrain, le démantèlement des forces, notamment étrangères est moins discutée. La Turquie a défendu la présence de ses troupes en Libye arguant que la Russie y avait déployé 2 500 agents de sécurité. Ankara fait par ailleurs état de la présence de soldats soudanais, du Tchad et du Niger au profit du maréchal Haftar. La Turquie elle-même a déployé plusieurs milliers de combattants syriens.
Une forte présence militaire de part et d’autre qui pourrait conforter les protagonistes libyens dans leurs positions et continuer d’envenimer la situation. Même si de l’avis des experts la conférence de Berlin offre un cadre adéquat pour implémenter la paix en Libye, il faudrait avant tout parvenir à un accord concret et sincère sur les occidentaux pour espérer trouver un terrain d’entente politique à cette crise qui s’achemine dangereusement vers sa dixième année.