Le président Emmanuel Macron est arrivé vendredi en fin de journée en Côte d’Ivoire, pour fêter Noël avec les soldats français qui y sont déployés, une visite de 48 heures loin de la crise de la réforme des retraites.
Macron en Côte d'Ivoire pour fêter Noël avec les soldats français
M. Macron, qui n’a pas fait de déclaration, a été accueilli par son homologue ivoirien Alassane Ouattara sur le tarmac de l’aéroport, avant d‘être salué par les rois et chefs traditionnels du pays.
De cette visite, M’Bollo Koka Denis, chef traditionnel d’Abobo, grand quartier populaire d’Abidjan, espère surtout “la sécurité”. “Depuis un moment, nous sommes menacés”, souligne-t-il.
Emmanuel Macron doit se rendre directement de l’aéroport au camp militaire français de Port-Bouët, tout proche, où il partagera avec les quelque 1.000 soldats français présents sur place un dîner préparé par le chef de l’Elysée, Guillaume Gomez.
Le menu est traditionnel: pâté en croûte et foie gras, volaille des Landes aux morilles, assortiment de fromages de toutes les régions de France, gâteau au chocolat et mandarines corses.
Comme il l’avait fait au Niger en 2017 et au Tchad en 2018, le chef d’Etat devrait à nouveau appeler les Français à penser à leurs soldats, qui ont “choisi de s’engager” face à “la menace qui est permanente”, selon les mots qu’il avait prononcés l’an passé à N’Djamena.
Un déplacement qui survient dans un contexte social tendu: la France vit depuis 16 jours au rythme d’une grève dans les transports qui perturbe fortement la vie quotidienne.
Comme un “sous-marin”
Devant les soldats, Emmanuel Macron évoquera surtout le récent drame vécu par l’armée française: la perte de 13 militaires de l’opération antijihadiste Barkhane dans une collision accidentelle entre deux hélicoptères, au cours d’une opération au Mali.
Plusieurs soldats ayant participé aux opérations au Sahel ont été invités à Abidjan, où ils s’entretiendront avec le chef de l’Etat, qui est accompagné de la ministre des Armées, Florence Parly, et du chef d‘état-major des armées, le général François Lecointre. Dans le même temps, son épouse Brigitte rencontrera des familles de militaires déployés en Côte d’Ivoire.
Le camp des Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI), fortes de 950 hommes, dont 84% sont en mission de courte durée (quatre mois), est comme “un sous-marin” capable “de se déployer dans toute l’Afrique de l’Ouest en fonction des besoins”, que ce soit pour venir en soutien à une mission de l’armée française, évacuer des ressortissants en cas de crise ou participer à une opération humanitaire, expliquait leur commandant, le colonel Frédéric Gauthier, avant l’arrivée de M. Macron.
Les FFCI sont aussi régulièrement mobilisées pour acheminer équipements et marchandises débarquées au port d’Abidjan jusqu’aux bases de l’opération Barkhane, au Niger ou au Mali. Un long trajet effectué par des convois d’une cinquantaine de véhicules placés sous haute sécurité.
Samedi, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara doivent relancer le chantier de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, qui veut devenir le centre de formation des acteurs du secteur en Afrique de l’Ouest.
Hommage à Niamey
La Côte d’Ivoire a été frappée à son tour par le jihadisme, avec un attentat qui avait fait 19 morts dans la station balnéaire de Grand-Bassam, en 2016.
Outre la sécurité, la visite d’Emmanuel Macron sera axée sur la jeunesse et le sport, deux secteurs qu’il a érigés en priorité pour revigorer les relations entre la France et l’Afrique.
En compagnie de l’ex-international ivoirien Didier Drogba, qui fit les beaux jours de l’Olympique de Marseille et de Chelsea, il inaugurera samedi une “agora sportive” dans un quartier populaire d’Abidjan. Avant de débattre avec des étudiants et de signer des accords bilatéraux, notamment pour le chantier du métro d’Abidjan.
A l’issue de sa visite en Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron fera dimanche une étape de trois heures à Niamey, pour s’y entretenir avec son homologue, Mahamadou Issoufou, et rendre hommage aux 71 soldats nigériens ayant récemment péri dans l’attaque d’un camp militaire, revendiquée par les jihadistes de l’Etat islamique (EI).
Cette courte visite vise à préparer le sommet sur le Sahel prévu le 13 janvier à Pau (Sud-Ouest de la France) et auquel sont conviés les présidents des pays de la force militaire régionale du G5 Sahel (Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad et Mauritanie).
Tout le Sahel - en particulier le Mali, le Niger et le Burkina -, est désormais visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes, en dépit du renforcement des armées locales et de la présence de 4.500 militaires français de la force antiterroriste Barkhane.
AFP