Le procureur du Kenya a ordonné vendredi l’arrestation du gouverneur de Nairobi, la capitale du pays, donnant un cachet spécial à la campagne anti-corruption initiée par le gouvernement l’an dernier. Cette arrestation serait alors l’une des plus en vue, car impliquant directement un haut dirigeant.
Kenya : le gouverneur de Nairobi, accusé de corruption, dans les mailles de la justice
Mike Mbuvi Sonko est soupçonné de crimes économiques dans plusieurs affaires et d’avoir bénéficié de paiements illicites et acquis des biens illégalement pour une valeur totale de 3,5 millions de dollars (3,1 millions d’euros). Le procureur estime détenir de nombreuses preuves devant permettre l’arrestation du gouverneur ainsi de plusieurs de ses complices qui seraient des dirigeants du comté de Nairobi.
Le parti au pouvoir avait fait un choix non conformiste en 2017 en désignant pour le représenter aux élections des gouverneurs le très populaire et sulfureux Mike Sonko, passé dans sa jeunesse par la case prison et régulièrement accusé d’activités illégales, comme le trafic de drogue.
Si le mandat d’arrêt contre M. Sonko semble être acquis, demeure sa mise en application. Le suspect passe de nombreuses semaines en dehors de Nairobi et depuis la conférence de presse du procureur, il est quasi-indisponible au téléphone, indique l’agence de presse Reuters. Autre difficulté pour la police, faire face aux nombreux soutiens, notamment celui de la population dont dispose le gouverneur. Il y a quelques semaines, Sonko s’est présenté au bureau anti-corruption du Kenya pour y être interrogé, des manifestations se sont déroulées devant le bureau et la police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
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Problème majeur
Mais le procureur se veut ferme, il ne tolérera plus « l’utilisation d’un bouclier humain » par les personnes arrêtées, encore moins les « tactiques d’intimidation » contre la force publique dont est du reste accusé M. Sonko.
M. Sonko est très apprécié des Kényans les plus pauvres pour ses services d’ambulances et de pompiers, personnalisés à son nom, chargés de venir en aide aux personnes vivant dans les bidonvilles.
L’excentrique Sonko cultive un look “gangsta”, avec ses grosses chaînes et bagues en or, et ses chaussures dorées. Il s‘était récemment attiré des critiques pour avoir dévoilé sur les réseaux sociaux sa fastueuse salle à manger, aux parures et accessoires dorés.
Une affaire médiatisée et pleine de rebondissement qui fait écho de l’ampleur de la guerre contre la corruption qu’entend mener à bien le gouvernement. En juillet dernier, le pays a été ébahi par la mise en accusation d’Henry Kiplagat Rotich, alors secrétaire de cabinet au trésor, accusé d’avoir détourné plusieurs centaines millions de dollars avec une vingtaine de complices.
En cueillant ses plus hauts responsables, l’Etat a clairement fait savoir que les choses ne se passeront plus comme avant. Même si, dans certains commentaires dénoncent des règlements de compte tribaux.
La corruption est un problème majeur au Kenya. Le pays est classé parmi les plus corrompus au monde selon l’indice de perception de la corruption 2018 publié par Transparency International. Il a obtenu un score de 27, ce qui est inférieur à la moyenne mondiale de 43, mais avec une amélioration par rapport au classement de l’année dernière où son score était de 26.