Au Cameroun, les élections législatives auront bel et bien lieu le 9 février prochain. Ainsi en a décidé le régime de Paul Biya, ignorant de facto l’appel au boycott lancé par l’opposition.
Cameroun - Élections législatives et locales : les désidératas de l'opposition ignorés
À en croire Yaoundé, tout est fin prêt pour que se tiennent le 9 février prochain les élections législatives et municipales. Et les urnes n’attendent plus que les quelque 6,6 millions d‘électeurs répertoriés par Elections Cameroon (Elecam), la commission électorale.
« Aux citoyens électeurs et électrices, le gouvernement recommande de se préparer à accomplir, en leur âme et conscience, leurs devoirs envers la patrie, en allant massivement, le 9 février 2020, exprimer leur choix démocratique, dans la discipline, le calme et la paix », a exhorté le ministre de la communication, René Emmanuel Sadi, lors d’un point de presse animé lundi dans la capitale camerounaise.
Réponse à peine voilée à des opposants et des acteurs de la société civile qui appellent au boycott de ces joutes. « J’appelle les Camerounais à ne pas aller voter et à rester chez eux le 9 février 2020 », déclarait le 25 novembre dernier Maurice Kamto, une des grandes figures de l’opposition et candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2018.
Non sans raisons. Notamment la paix dans les zones occidentales d’expression anglaise en proie à ce que des observateurs appellent « crise anglophone ». Une crise qui, depuis 2016 oppose les forces camerounaises de sécurité à des séparatistes qui tiennent à former un État indépendant dénommé « Ambazonie ».
Vers une crise de légitimité ?
« Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest…C’est donner le message que (les) populations (de ces régions) ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays », a déclaré M. Kamto.
Conforté par le « Grand dialogue national » tenu dialogue du 30 au 4 octobre derniers à Yaoundé et quelques avancées observées sur le terrain, le gouvernement camerounais tient mordicus à la tenue des élections législatives et locales à la date fixée en octobre dernier.
Élu en 2013, le Parlement camerounais n’a pas été renouvelé en 2018, le président Paul Biya ayant décidé de prolonger le mandat des élus dans un pays ébranlé par des questions sécuritaires.
Toutefois, au cas où le boycott est maintenu, ces élections pourraient encore alimenter le débat autour de leur crédibilité et partant de la légitimité des futurs nouveaux élus. Et même déclencher une nouvelle crise politique à l’image de celle née de l‘élection très contestée de Paul Biya à la présidence en octobre 2018.