L’audience qui doit statuer sur l’arrêt des poursuites judiciaires contre certains responsables de l’opposition camerounaise, ordonné vendredi par le président Paul Biya, doit s’ouvrir samedi au tribunal militaire de Yaoundé, ont indiqué à l’AFP deux de leurs avocats.
Cameroun: l'audience sur l'arrêt des poursuites contre des opposants programmée samedi
M. Biya a annoncé vendredi soir l’arrêt des poursuites contre “certains” responsables de l’opposition, notamment ceux du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le parti dirigé par son rival à la présidentielle de 2018, Maurice Kamto, emprisonné depuis neuf mois. Le chef de l’Etat n’a pas précisé si M. Kamto était concerné par cette clémence présidentielle.
“L’audience d’arrêt des poursuites du Tribunal militaire de Yaoundé au profit des militants du MRC, c’est ce matin”, a écrit l’un des avocats de M. Kamto, Me Claude Assira, sur un site de messagerie partagé avec des journalistes de la presse camerounaise.
Cette convocation a été confirmée à l’AFP par Me Sylvain Souop, l’avocat à la tête du collectif de défense de M. Kamto et de ses partisans arrêtés pour les mêmes motifs que lui. “Nous nous apprêtons pour y aller”, a-t-il dit. Et “n’avons pas de raison de penser que Maurice Kamto soit exclu de la liste des personnes qui doivent être libérées”, a-t-il ajouté.
M. Kamto, arrivé deuxième lors de la présidentielle d’octobre 2018, conteste la réélection de M. Biya et c’est à la suite d’une des manifestations pour protester contre les résultats officiels de ce scrutin qu’il a été arrêté et emprisonné au côté de plusieurs de ses partisans en janvier.
Lui et 88 de ses partisans sont, depuis, poursuivis par la justice militaire, notamment pour “insurrection”, un crime passible de la peine de mort, même si celle-ci n’est plus appliquée au Cameroun. Leur procès s‘était ouvert le 6 septembre et doit reprendre théoriquement mardi.
L’annonce du président Biya est intervenue quelques heures seulement après la clôture du Grand dialogue national convoqué pour tenter de mettre fin au conflit séparatiste qui ensanglante les deux régions anglophones du pays. La veille, le président avait déjà annoncé la fin des poursuites et la libération de 333 personnes arrêtées dans le cadre de cette crise.
Depuis le début de l’année, les pressions internationales exercées sur Yaoundé tant pour exiger une résolution de la crise dans l’ouest anglophone que pour demander la libération de M. Kamto se sont intensifiées.
Washington avait par exemple déclaré en mars qu’il serait “sage de le libérer”, suivi de près par l’‘Union européenne, qui avait parlé de “procédure disproportionnée”. Ces appels avaient été rejoints quelque mois plus tard par la France, l’un des plus fidèles soutiens de M. Biya, longtemps restée silencieuse.
AFP