Lorsque l’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe est décédé dans un hôpital de Singapour, il s‘était en fait joint à un certain nombre de dirigeants africains qui ont quitté leur pays pour se faire soigner à l’étranger. Ce qui est d’ailleurs une pratique propre aux dirigeants africains.
Les dirigeants africains, adeptes du tourisme médical
En 2017, Muhammadu Buhari s’est rendu au Royaume-Uni pour se faire soigner pendant une période de 4 mois, laissant derrière lui un peuple inquiet quant à ses capacités à gouverner le pays du fait de sa santé fragile, mais aussi et surtout de n’avoir pas respecté sa promesse électorale, celle consistant à mettre un terme au tourisme médical.
Le président béninois Patrice Talon quant à lui s’est rendu en France en mai de la même année, pendant près d’un mois pour traiter une maladie non déclarée. Ali Bongo s‘était ensuite régulièrement rendu à Londres pour des traitements intensifs.
Si certains dirigeants africains ont retrouvé la santé à l‘étranger, d’autres y sont morts après y avoir été hospitalisés. Levy Mwanawasa, et Michael Sata, de la Zambie ont respectivement trouvé la mort en France, et au Royaume-Uni.
Ensuite, il y a eu Malam Bacai Sanha, de Guinée-Bissau, qui est mort en France, Meles Zenawi, d‘Éthiopie, qui est mort en Belgique, et Omar Bongo, du Gabon, qui est mort en Espagne. Quelques-uns sont restés dans leur pays mais ont tout de même trouvé la mort, parmi lesquels Musa Yar’Adua du Nigéria, Atta Mills, du Ghana.
Non seulement les chefs d’Etat voyagent avec un protocole élaboré, mais ils voyagent aussi dans des jets affrétés coûteux. Par exemple, le coût du stationnement de l’avion de Buhari pendant son séjour à Londres en 2017 est estimé à 360 000 £, soit près de 445 mille dollars US.
On estime qu’en Ouganda, les fonds dépensés chaque année pour soigner les hauts fonctionnaires d’Etat à l‘étranger pourraient permettre de construire 10 hôpitaux.
La détérioration du système de santé en Afrique a également popularisé le tourisme médical pour le citoyen moyen. Rien qu’en 2016, les Africains ont dépensé plus de 6 milliards de dollars pour le tourisme médical, les Nigérians représentant plus de 2 milliards de dollars.
Pour changer les choses, les citoyens africains doivent commencer à condamner le tourisme médical politique. Ils doivent également faire pression pour que des régulations soient mises en place afin de freiner cette pratique. Les voyages médicaux financés par les contribuables devraient être interdits et des critères devraient être établis précisant les maladies pouvant être couvertes par les fonds publics. Qu’ils soient ou non eux-mêmes des touristes médicaux, les dirigeants africains devraient mobiliser la volonté politique d’améliorer le système de soins de santé dans leurs pays respectifs.