En pleine crise financière, le Zimbabwe suspend les services mobile money

La banque centrale du Zimbabwe a interdit lundi avec effet immédiat les services électroniques hors de prix qui permettaient à la population d’obtenir du liquide dans un pays qui en manque cruellement pour cause de grave crise économique.

Faute de réserves suffisantes de “cash”, les habitants ne peuvent retirer que de très faibles sommes à leur banque.

Dans ce contexte, des services électroniques se sont mis en place, via notamment des opérateurs téléphoniques, qui proposent à leurs clients des liasses de billets moyennant des commissions exorbitantes d’environ 40 %.

Concrètement, les Zimbabwéens sont contraints d’acheter leur propre argent pour avoir le liquide indispensable au paiement de leur ticket de bus ou d’une course en taxi.

Dans un communiqué lundi, la banque centrale du Zimbabwe a dénoncé “l’achat et la vente d’argent liquide via des agents (...) à des taux élevés, au-dessus des commissions approuvées”.

Ces taux “ont pour effet négatif de fausser le prix des biens et des services”, a estimé la Banque centrale, alors que le pays est confronté au retour de l’hyperinflation.

Régler le problème à la source

Les prix se sont envolés de près de 300 % sur un an, selon une récente note du Fonds monétaire international (FMI).

“Tous les systèmes de paiement électronique et les vendeurs de ces services ont reçu ordre de cesser avec effet immédiat” leurs opérations, a annoncé lundi la Banque.

“Compte tenu de cette crise des liquidités, des agents d’argent électronique ont tiré profit de la situation en vendant du cash à des taux dépassant les 40 %”, a confirmé à l’AFP un économiste indépendant, Victor Bhoroma.

Il a toutefois regretté qu’en les interdisant, la Banque agissait “sur le symptôme plutôt que sur la cause du problème”.

Le Zimbabwe, ancien grenier à céréales de l’Afrique australe, est empêtré dans une crise économique et financière qui a provoqué le départ de millions d’habitants.

Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe aux commandes du pays pendant trente-sept ans, s’est engagé à relancer l‘économie, jusqu‘à présent en vain.

AFP
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