Soudan du Sud – Kenya : la coopération à tout prix, malgré un litige frontalier

En supprimant les visas entre leurs pays, les dirigeants kényans et sud-soudanais entendent renforcer leurs relations nonobstant un petit problème frontalier non encore formellement résolu à propos du « Triangle d’Ilemi ».

Plus question de visas entre Juba et Nairobi. Dès octobre prochain, les Sud-Soudanais et Kényans ne paieront plus les 50 dollars dont ils s’acquittaient naguère pour voyager entre les deux pays.

La décision est le résultat d’un accord d’exemption conclu la semaine dernière entre le ministre de l’Intérieur du Soudan du Sud, Michael Chengjiek et son homologue kényan, Fred Matiang’i. « Il y a eu une réunion entre le ministre de l’Intérieur du Soudan du Sud et son homologue kényan afin d’exonérer les citoyens des deux pays des frais de visa », a déclaré Mawien Makol Ariik, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Soudan du Sud.

Le Kenya est le troisième pays de Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) après la Tanzanie et le Rwanda à signer un accord d’exemption de visa avec le Soudan du Sud.

Cet accord intervient après la signature en juillet dernier d’un document actant la cession par le Kenya au Soudan du Sud de près de 40 000 m2 pour la construction d’un port sec (dépôt de conteneurs) à Naivasha au sud-ouest du Kenya. Question de « faciliter la circulation des marchandises destinées au Soudan du Sud », comme l’expliquait le président Uhuru Kenyatta. Bien avant, un accord similaire avait été conclu en mars avec l’Ouganda.

Mais ce n’est pas tout. Nairobi et Addis-Abeba font partie des médiateurs dans la crise politique qui déchire le Soudan du Sud depuis 2013, deux ans après son indépendance du Soudan en 2011. Une guerre civile qui a déjà fait plus de 400 000 morts selon des estimations d’ONG dont la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) aussi bien dans le camp du président Salva Kiir que de son rival Riek Machar.

Ces initiatives sont menées en dépit du différend frontalier existant entre Juba, Nairobi et Addis-Abeba à propos du « Triangle d’Ilemi ». D’une superficie de près de 10 320 km2, ce Triangle serait régi par des traités « ambigus » datant de l‘ère coloniale.
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