SUN+TV fait son entrée dans l'univers des WebTV du Cameroun

Un savoir-faire télévisé, avec des contenus et décors originaux qui sortent des sentiers battus, et pour unique plateforme de diffusion le web. C’est le parti-pris assumé qui continue de faire courir Yolande Bodiong. L’entrepreneure camerounaise sort du bois et lance SUN+TV, la première télé exclusivement diffusée sur internet 24h/24 et qui consacre ses années d’efforts dans la production audiovisuelle.

À l’heure de la génération 2.0 Yolande Bodiong a su transpercer les opportunités qu’offre le web en termes de production audiovisuelle. Après des années de réflexion et de rodage, la productrice a décidé de porter sur les fonts baptismaux sa chaine de télévision qui n’est, pour le moment, disponible qu’en streaming. Loin d’être l’adhésion à un effet de mode, Yolande Bodiong voulait surtout par cette option, ne plus être soumise au diktat des médias traditionnels pour la diffusion de ses émissions. « C’était pénible de voir que les jours de diffusion de mon émission n’étaient pas respectés et pas toujours pour des raisons justifiées », se souvient-elle.

Première expérience, premier revers

La production audiovisuelle, une passion que partage depuis de nombreuses années cette diplômée en management de l’École de commerce de l’université de Douala. En 2000, alors qu’elle est hôtesse de l’air pour la défunte compagnie Cameroon Airlines, elle met à profit ses pauses pour décrypter les programmes télévisés de chaînes étrangères. Le constat est net : ces programmes tranchent clairement avec ceux proposés par les chaînes camerounaises, parfois en déphasage avec le quotidien des populations. Et une rencontre avec Jean Luc Delarue, à l‘époque producteur d‘émissions à succès en France, la renforce dans le désir de créer des concepts pour la télévision. Elle se jette à l’eau et choisit ‘‘Options’‘, ce sera le nom de sa première entreprise audiovisuelle qui sera portée par l’émission « Engrenage ».

Mais, entre le désir de bien faire et la réalité sur le terrain, le fossé était large. Suffisamment pour fermer boutique alors que les problèmes logistiques s’accumulaient en dépit des résultats encourageants. C’est un revers, mais aussi une leçon pour celle chez qui l’esprit d’entreprenariat et de compétition remonte à ses années d‘études. A l’époque, nous sommes dans les années 90. En parallèle à ses études, Yolande Bodiong est aussi une handballeuse. « En club, nous étions en concurrence pour certains postes, il fallait donc être la meilleure pour être alignée d’entrée lors des matchs. Et cela impliquait également d‘être en quête permanente de solutions dans le jeu et aussi lorsque les problèmes frappaient à sa porte » comme ce sera le cas avec son club en 1995.

Suite à un différend avec les dirigeants du club, ses allocations financières sont suspendues. Pas le temps de se morfondre. Il y a des possibilités de se faire un peu d’argent dans le commerce, se dit-elle ! Dans une interview donnée au magazine camerounais Nyanga, elle révélera que sa première entreprise Ets Body and Partners faisait dans la vente des journaux qu’elle livrait à des sociétés. En marge de cette activité, elle achetait également des vêtements de sport dans la friperie pour les revendre aux handballeurs.

Le temps du Web

Des activités avec lesquelles elle fera chemin et dont le succès la convaincra de revenir, dix ans plus tard, à sa passion de toujours, l’audiovisuel. 2011 consacre, en effet, l’arrivée de son nouveau bébé. Sa maison de productions Maraboo qui se spécialise dans la communication audiovisuelle et les relations publiques prend rapidement son envol. Des concepts qu’elle met en boîte – K’tapult ou Sacrés parents pour ne citer que ceux-ci – s’installent progressivement dans les habitudes de consommation des Camerounais. Des émissions qu’elle présente, mais dont elle assure aussi la supervision de bout en bout et pour lesquelles elle peut imposer sa vision ; une prise en main qui lui a manqué lors de sa première expérience avec Engrenage. Ce qui est également nouveau, c’est la sérénité. Ses locaux de travail sont plus grands, un entrepôt délabré remis à neuf, un studio modulable à souhait où elle peut y ranger son matériel de production qu’elle était obligée de déplacer à temps et contretemps faute d’espace à elle.

À présent, c’est avec une équipe composée de 6 employés permanents que la DG de Maraboo entame le défi du numérique. C’est son nouveau terrain de bataille avec en ligne de mire des programmes courts, longs, des jeux, des talks show, de l’information aussi à proposer au public grâce à l’application SUN+TV disponible sur playstore. Et pas peu fière de ce projet qui a maturé pendant 7 ans, aujourd’hui, elle se dit mûre ; elle a pris le temps de se familiariser avec la technique, l’infographie, le matériel. Et sur le chemin, Yolande Bodiong entend donner leur chance à des jeunes en mettant ses locaux à leur disposition pour des productions personnelles qu’elle diffusera naturellement.
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