En redonnant de vastes étendues de terres aux populations noires du Zimbabwe, Robert Mugabe a définitivement ruiné son image dans l’opinion occidentale. Près de deux décennies après la réforme foncière destinée à rétablir la justice sociale dans le pays, la minorité blanche ne lui a pas pardonné sa politique.
Mugabe mort, les fermiers blancs se réjouissent
Même mort, celui que ses soutiens appellent Camarade Bob, suscite toujours la répulsion des descendants des colons britanniques et de leurs employés. Certains n’hésitent pas à se réjouir de sa disparition. “J‘étais très content quand j’ai entendu que Mugabe est mort. Il a pris ce qui était important pour nous, notre source de revenus. Nous avions un grand verger, mais maintenant, c’est une forêt. Nous avons eu tellement mal à cause lui. Ils auraient pu prendre des fermes à ceux qui étaient improductifs”, peste Sinos Mlauzi, ancien employé de ferme.
“Et le plus triste, je pense est que son héritage lui a survécu. Même s’il est mort, son héritage est l’héritage de l’injustice, de la violence, du contrôle du pouvoir, de la cupidité... pas pour les gens du pays”, renchéri Ben Freeth, qui détenait une ferme dans le mont Carmel.
Avant la réforme, 4 800 fermiers blancs possédaient l’essentiel des terres arables ne laissant que la portion congrue à 6 millions de petits exploitants noirs. Pour ces derniers, c’est le début de la réparation des injustices coloniales.
“Certains d’entre eux avaient 10 fermes, cinq fermes – une seule personne. Donc, un homme noir n’avait rien. S’il y a eu partage, c’est une bonne chose… Les politiques foncières étaient bonnes pour moi, parce que comme vous voyez maintenant, chacun est libre, cultive librement, et les gens étaient soutenus avec des outils agricoles, des intrants, durant sa présidence”, se souvient Simon Shema à qui est revenue la ferme du mont Carmel.
La politique de redistribution des terres au Zimbabwe en faveur de la majorité noire remonte à l’indépendance du pays en 1980. Robert Mugabe a toujours considéré que le gouvernement n’a pas à payer pour des terres volées aux paysans par les colons britanniques.