Pour avoir censuré une chanson qu’il a jugée impudique, le chef de la police des mœurs du Kenya s’est mis à dos des internautes. Et les griefs continuent d’inonder la toile.
Kenya : les autorités critiquées pour avoir banni une chanson « impudique »
En avril dernier, les Sailors, un orchestre kényan mettait sur le marché du disque un nouvel album dans lequel se trouve un morceau intitulé Wamlambez, chanté en sheng, une langue argotique mélangeant le swahili et l’anglais.
La nouvelle trouvaille a très vite tenu en haleine de nombreux mélomanes kényans. Si bien que la vidéo a été visionnée plus d’un million de fois sur Youtube.
Pas seulement sur la toile. Ces derniers temps, aucun grand événement ne se réalise sans que Wamlambez ne soit entonné. Lors de la victoire du Kenya contre la Tanzanie à l’occasion de la dernière CAN en Égypte, le morceau a été chanté partout dans les rues et avenues. Y compris lors d’un match amical opposant une équipe locale à un club anglais. C’est dire jusqu‘à quel point les Sailors ont rencontré leur public par le biais de Wamlambez.
Mais la chanson semble avoir horripilé des membres et responsables de la police des mœurs. Et pour cause ? La chanson contiendrait des paroles « obscènes », selon l’expression de Ezekiel Mutua, responsable de la police des mœurs qui a déclaré que les paroles contenues dans la chanson sont de la « pornographie pure » et le morceau ne doit pas être joué dans des lieux fréquentés par les enfants.
Pas seulement au Kenya
Interdite à la radio, à la télévision ou dans des lieux publics tels que les transports en commun, la chanson n’est désormais autorisée que dans les bars et les boîtes de nuit.
Dans la foulée, Tetema, chanson d’un auteur-compositeur tanzanien a subi la même sanction pour les mêmes motifs. Alors que « le chef de l’opposition Raila Odinga a été filmé à l’occasion en train de danser sur la chanson Tetema lors des rassemblements politiques », rappelle citinewsroom.com, un site local kényan.
Sauf que la décision de Mutua n’a pas pu adoucir les mœurs kényanes. Du coup, une tempête de critique s’est abattue sur les réseaux sociaux pour dénoncer la censure.
De Rachel Mwalimu, attachée de presse des Sailors qui s’est plainte de ce que les autres chansons contenues des polissonneries n’aient pas été censurées aux anonymes, de nombreux mélomanes ont exprimé leur indignation et leur colère face à la décision de Mutua.
Certains ont même défié la police des mœurs en postant des vidéos de dessins animés effectuant des gestes lascifs.
????? pic.twitter.com/NL2MmOhLFl— FIFI (@MarsFifi) July 22, 2019
En Afrique, de nombreux musiciens sont souvent critiqués pour les « obscénités » chantées dans leurs compositions musicales. Et très souvent, les sanctions ne suivent pas.