Elle était prévue au Caire les 4 et 5 septembre et devait aborder la définition et la criminalisation de la torture dans la région arabe. Mais la conférence contre la torture initiée par les Nations unies a été reportée à la suite d’une vaste polémique accusant l’ONU de vouloir « blanchir » le gouvernement égyptien sur ses violations récurrentes des droits de l’homme.
L'ONU cède à la polémique et délocalise d'Egypte sa conférence sur la torture
Le constat des défenseurs égyptiens des droits de l’homme est clair : il est scandaleux pour l’ONU d’organiser une conférence contre la torture dans un pays où cette pratique est monnaie courante. Le faisant, cela serait « blanchir à la chaux » les exactions du gouvernement égyptien, arguent-ils.
Une indignation saisie par l’ONU qui s’est finalement désistée et a décidé d’organiser la conférence dans un autre pays dont le nom sera communiqué après consultations. Les Nations unies ont décidé de reporter la conférence après avoir appris que “le malaise grandissait dans certaines parties de la communauté des ONG quant au choix du lieu”, a confié Rupert Colville, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.
Toutefois, pour l’institution, le choix de l’Egypte se justifiait en dépit des réactions passionnées. « La tenue d’une conférence ayant pour objectif de réduire la torture dans un pays (et dans une région plus vaste) où elle est pratiquée présente beaucoup d’avantages », a amorcé M. Colville. « Il est plutôt moins utile de prêcher aux convertis dans des endroits où la torture ne se produit jamais – par exemple à Vienne ou à Oslo ou ailleurs », a-t-il ajouté.
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Boycott
Pas de quoi convaincre les activistes égyptiens qui déplorent le recours quotidien à la torture par la police et les forces de sécurité en Égypte, les mauvaises conditions de détention, les décès dus à la torture et aux soins médicaux en prison, ainsi que les prisonniers maintenus en cellule d’isolement durant de longues périodes. « L’ensemble du système pénitentiaire est hors-la-loi – et quand une personne se plaint, elle paie un prix élevé », a déclaré au Guardian Aida Seif el-Dawla du Centre El Nadeem pour la réadaptation des victimes de violence et torture, basé au Caire.
Pour une autre frange de défenseurs des droits de l’homme, l’initiative de la conférence aurait été saluée si elle venait du gouvernement égyptien par exemple. « Mais les Nations unies ne devraient pas participer à polir leur réputation », a déclaré Mohamed Zaree de l’Institut d‘études des droits de l’homme du Caire.
En guise de protestation, plusieurs organisations notamment EuroMed Rights, basé à Copenhague, et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) avaient prévu de ne pas participer à la conférence. Quant à Amnesty et Human Rights Watch, elles ont affirmé n’avoir pas été invitées.
Le gouvernement égyptien, lui, n’avait toujours pas réagi à la délocalisation de la conférence. Mais le président Abdel Fattah Al-Sissi a régulièrement affirmé à ses détracteurs que la “perspective occidentale” sur les libertés civiles ne devrait pas être imposée à l’Egypte.
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