Les autorités sanitaires congolaises ont annoncé mardi la guérison de deux malades d’Ebola après onze jours de traitement à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, une nouvelle preuve de l’efficacité de deux molécules récemment mises en avant par une étude américaine.
RDC : deux malades d'Ebola guéris à Goma, où des traitements font leur preuve
“Nous avons la grande joie de vous annoncer que parmi les quatre cas confirmés d’Ebola de Goma, deux sont guéris. C’est pour nous un message fort que Ebola est guérissable. Aujourd’hui, les médicaments sont là”, a déclaré le professeur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur de la riposte contre Ebola en République démocratique du Congo.
“Nous avons deux traitements maintenant, le mAb114 et le REGN-EB3. Ce sont donc ces deux molécules que nous allons utiliser, parce que d’après les résultats que nous avons obtenus jusqu‘à présent, ce sont ces deux molécules qui sont efficaces”, a expliqué cet expert congolais, spécialiste et pionnier dans la lutte contre d’Ebola.
Lundi, les autorités sanitaires américaines, qui ont co-financé une étude sur le traitement d’Ebola ont indiqué que ces deux médicaments ont augmenté significativement le taux de survie de patients dans le cadre d’un essai clinique en RDC, qui a doublé.
Parmi les quelque 500 personnes dont les données ont été analysées (sur un total de 681 participants), la mortalité est tombée à 29% avec le REGN-EB3 et à 34% avec le mAb114, a détaillé lundi Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses et des allergies. Pour les personnes ne prenant aucun traitement, le taux de mortalité est compris entre 60 et 67%.
Ces deux traitements sont des anticorps monoclonaux qui agissent en neutralisant la capacité du virus à affecter d’autres cellules.
“On peut guérir vite”
“Il y a eu quatre molécules qu’on utilisait pour soigner les malades. Deux molécules ont prouvé leur efficacité, le mAb114 et le REGN-EB3. Je ne peux pas en dire plus”, a détaillé à l’AFP le Dr Célestin Ntawigenga coordonnateur de la riposte à Goma.
Épouse d’un orpailleur décédé le 2 août à Goma, Espérance Nabintu et son garçonnet âgé d’un an sont rentrés chez eux, après avoir été déclarés guéris par les autorités sanitaires.
“Je remercie mon Dieu, j‘étais malade d’Ebola, je suis guérie alors que mon mari en est mort (...). Ebola existe. Je l’ai expérimenté dans ma chair, il tue mais on peut guérir vite”, a témoigné Mme Nabintu.
“Mon mari est décédé parce qu’il a été conduit au CTE (Centre de traitement d’Ebola) en retard”, a regretté cette mère de dix enfants.
La RDC est touchée par une épidémie d’Ebola déclarée le 1er août 2018. Depuis juillet, quatre cas ont été enregistrés à Goma, capitale du Nord-Kivu, faisant craindre une propagation de l‘épidémie dans d’autres villes congolaises et dans les pays voisins.
Vaccinations massives
Depuis une semaine, les autorités rwandais ont imposé des restrictions à leurs ressortissants désireux de se rendre à Goma, au nom de la lutte contre Ebola. Cependant, les Congolais sont autorisés d’aller et revenir au Rwanda, moyennant un laissez-passer.
Très contagieuse, la fièvre hémorragique a déjà causé 1.892 décès, d’après les derniers chiffres des autorités, datés de lundi. Selon cette source, au total, 833 personnes ont été guéries d’Ebola depuis le début de cette dixième épidémie sur le sol congolais, où la maladie est apparue en 1976.
Le virus est transmis à l’homme par certains animaux sauvages, puis entre humains par contacts directs et étroits, via les fluides corporels d’une personne malade.
Les agents de santé ne sont pas épargnés : 41 décès ont été enregistrés parmi eux, d’après le ministère de la Santé.
Outre le traitement curatif, un vaccin préventif a été administré à 191.237 personnes depuis une année. “Le seul vaccin a être utilisé dans cette épidémie est le vaccin rVSV-ZEBOV, fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck”, a précisé le ministère.
L‘épidémie a été relativement circonscrite dans deux provinces (Nord-Kivu dans l’est et Ituri dans le nord-est). Deux cas ont néanmoins été enregistrés dans l’Ouganda voisin.
AFP