Santé du président gabonais : la demande d'expertise sera examinée en appel

La justice gabonaise va examiner le 26 août en appel la demande par des opposants d’une expertise médicale du président Ali Bongo Ondimba, pour estimer s’il est apte à exercer ses fonctions 10 mois après un AVC, ont indiqué à l’AFP les avocats des deux parties.

Le président du Gabon n’a pas pris la parole en direct et en public depuis qu’il a prononcé quelques mots à son retour à Libreville fin mars, après cinq mois de convalescence à l‘étranger, un silence qui a poussé dix personnalités de l’opposition, du monde syndical et de la société civile à demander cet examen.

Le 4 mai, un tribunal avait jugé en première instance irrecevable cette requête, au motif que seule la Cour constitutionnelle saisie par le gouvernement ou les deux chambres du Parlement, peuvent constater l’empêchement. Mais la Cour d’appel de Libreville a refusé lundi de se dessaisir de cette requête spécifique d’une expertise médicale au motif qu’elle serait incompétente et a fixé l’audience au 26 août, selon les avocats des deux parties.

“C’est le début de quelque chose”, se félicite Anges Kevin Nzigou, un des membres du comité de dix personnalités qui réclament l’expertise. Selon cet avocat, la justice a “pour une fois, résisté à l’appel du pouvoir” en refusant “une demande formulée par le président de la République” en faveur d’une dessaisie des juridictions ordinaires.

Règles “violées” selon le pouvoir

“Cela viole toutes les règles”, s‘étrangle au contraire Tony Serge Ndong, avocat d’Ali Bongo. Il maintient que son client, en tant que chef de l’Etat, “ne peut pas être justiciable”.

Du côté des dix plaignants, la prudence est de mise puisqu’“il n’est pas exclu que des exceptions soient soulevées” pendant la procédure de 26 août, rappelle M. Nzigou. 

Si la Cour d’appel a refusé d’emblée de se dessaisir, elle ne s’est en revanche pas prononcée au fond ni sur sa capacité à juger une affaire impliquant le chef de l’Etat.

La question de l’aptitude à présider d’Ali Bongo, au pouvoir depuis dix ans après le décès de son père Omar en 2009, est brandie en permanence par ses opposants. Ils assurent qu’il ne s’est jamais remis de l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’avait frappé fin octobre 2018, pendant une  visite en Arabie saoudite.

Des figures de l’opposition ont appelé les Gabonais à se rendre en masse samedi, pour se rendre compte par eux-mêmes, au défilé militaire de la fête de l’Indépendance du 17 août, où la présence du chef de l’Etat est annoncée à la tribune.

AFP
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