L’Egypte, puissance nord-africaine incontournable et clé de voûte d’un Moyen-Orient turbulent, accueille à partir de vendredi sa cinquième CAN, avec une fois de plus un contexte agité dans la région.
CAN 2019 : l'Egypte hôte pour la cinquième fois
Le pays accueille la compétition africaine pour la première fois depuis la révolte de 2011 qui avait provoqué la chute du régime d’Hosni Moubarak et ouvert une longue période de chaos politique et économique.
Aux frontières de l’hôte de la CAN, plusieurs pays sont en proie à de graves troubles. La Libye continue de se déchirer, plongée dans le désordre depuis la chute en 2011 du régime du dictateur Mouammar Kadhafi après une révolte populaire. Le régime militaire en place au Soudan fait face à une contestation populaire malgré la destitution en avril du président Omar el-Béchir. Et à l’est, le conflit israélo-palestinien n’est toujours pas résolu. Les précédentes éditions de la compétition, elles non plus, n’ont pas été exemptes de turbulences politiques.
1959
Solidement installé au pouvoir après un coup d’Etat qui avait déposé en 1952 le dernier roi d’Egypte Farouk, le président Gamal Abdel Nasser dirigeait alors l‘éphémère République arabe Unie qui réunissait l’Egypte et la Syrie.
A l‘époque, seules trois équipes étaient en lice contre 24 aujourd’hui. Et le joueur star égyptien était Mahmoud al-Gohary, qui avait mené son équipe à la victoire.
En 1960, Nasser, champion du pan-arabisme, a inauguré le stade international du Caire, d’une capacité de 95.000 places, l’un des plus grands stades d’Afrique. Près de 60 ans après, le stade sera utilisé lors de la CAN-2019.
1974
Six ans après la douloureuse défaite de 1967, l’Egypte a mené une attaque surprise le 6 octobre 1973 qui, malgré la contre-attaque israélienne, devait mener à la récupération du Sinaï occupé.
La journée du 6 octobre est devenue une fête nationale en Egypte.
C’est dans ce contexte que s’est jouée la CAN de 1974, remportée alors par le Zaïre, poids lourd du football africain à l‘époque. Huit équipes participaient au tournoi.
1986
C’est l’Egypte qui l’a emporté cette année-là, à domicile, contre le Cameroun.
Dans le pays, l‘ère du président Hosni Moubarak venait de s’ouvrir. Ce général d’aviation avait succédé à Anouar el-Sadate après l’assassinat de ce dernier en 1981 dans la foulée de l’accord de paix avec Israël en 1979.
Hosni Moubarak est resté 30 ans au pouvoir, mettant en place un régime autoritaire, avant d‘être détrôné par la révolte populaire de 2011.
Quelques jours avant le tournoi, des milliers de conscrits de la police sont descendus dans les rues, brûlant des hôtels et des restaurants en raison de leurs faibles conditions salariales. La contestation a été réprimée dans le sang par l’armée, avec un bilan de plus de 100 morts.
2006
La légende du football égyptien Mohamed Aboutrika, “Prince des Coeurs” comme il a été surnommé par les fans, a mené son équipe à la victoire en 2006 à domicile, puis lors des éditions 2008 et 2010.
Marquant plusieurs buts en 2006, il a assuré la victoire aux “Pharaons” ouvrant une ère de domination égyptienne sur le football africain. Au total l’Egypte a remporté sept fois le titre africain depuis la première CAN en 1957.
Mais ce prédécesseur de la nouvelle star Mohamed Salah vit actuellement exilé au Qatar où il commente le football sur la chaîne beIN SPORTS, qui possède les droits de diffusion pour la Coupe d’Afrique des Nations.
Accusé par le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi d‘être un sympathisant des Frères musulmans au pouvoir de 2012 à 2013, Mohamed Aboutrika a été placé sur une liste terroriste pour cinq ans en 2017.
AFP