Centrafrique : traiter les enfants traumatisés par le dessin

Traiter les blessures psychiques par le dessin. C’est le moyen trouvé par la psychologue congolaise Mamie Nouria Meniko pour soulager les enfants centrafricains traumatisés par la guerre.

Dans le camp de déplacés de Lazare, dans la ville meurtrie de Kaga Bandoro, dans le nord du pays, la spécialiste de 43 ans analyse chaque jour, les dessins d’enfants en état de stress post-traumatique. Pour cette psychologue, cette méthode permet de combler le fossé entre les enfants et les adultes.

“Avec le dessin, l’enfant s’exprime mieux et supprime la barrière qui existe parfois entre l’enfant et l’adulte”, explique la psychologue responsable du programme du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) mis en place pour identifier et traiter des enfants atteints de troubles du stress post-traumatique.

Avec le conflit en Centrafrique, des centaines d’enfants ont été confrontés à des formes graves et répétées de maltraitance. Abus sexuels, négligence, violence physique, mauvais traitements psychologiques. Conséquence : bon nombre de ces jeunes restent aux prises avec une grave blessure psychique qui entrave leur fonctionnement ainsi que leur développement.

“Pour m’endormir, je dois dessiner à chaque fois, pour sortir les images de ma tête”, confie Hervé, l’une des nombreuses victimes du conflit en République centrafricaine qui a fait, depuis 2013, des milliers de morts et des millions de déplacés.

“Tous les soirs, il fait des cauchemars. Quand je lui demande une faveur quand je ne peux pas travailler, il refuse, il dit qu’il n’est pas une mule. Alors je discute avec lui à ce sujet. Mais depuis cet atelier de dessin, on se comprend mieux”, explique Oscarine, la mère d’Hervé qui se félicite que les ateliers aient resseré les liens familiaux.

Le chemin est encore long pour que le traumatisme disparaisse totalement. Le but de ce procédé selon la psychologue Nouria Meniko est d’apprendre aux enfants à vivre avec. Pour l’heure, ils sont 233 enfants, âgés entre 5 et 15 ans, qui ont été identifiés comme souffrant de troubles de stress post-traumatique.
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