Environnement : des déchets pétroliers devenus des engrais bio

Voilà qui pourrait réjouir des défenseurs du développement durable en ce 5 juin, Journée mondiale de l’environnement. Au Congo-Brazzaville, une entreprise traite les résidus d’hydrocarbures sans les incinérer ni les enfouir pour les transformer en engrais bio. Découverte.

Des engins tournant à plein régime, des étangs remplis de liquide noir, ... Vu du ciel, le paysage a tout d’une exploitation minière à ciel ouvert ou d’un entrepôt d’hydrocarbures.

Les apparences étant trompeuses, c’est au contraire, un centre bio que Martin Parfait Aimé Coussoud-Mavoungou, ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation, et d’autres responsables congolais ont visité le 3 juin dernier à Tandou-Mboma, au sud de Pointe-Noire.

Construite par l’entreprise Green services tenue par des hommes d’affaires de la République de Saint-Marin (nord de l’Italie), la structure est spécialisée dans la dépollution biologique des boues ou déchets d’hydrocarbures. Une option inenvisageable dans un contexte où la plupart des déchets pétroliers à travers le monde sont soit enfouis, soit incinérés.

Ce qui, loin de dépolluer les sites, « ne fait que déplacer la pollution », selon Marcelo Della Corte, directeur général de Green Services. En effet, autant on reproche à l’enfouissement des déchets d’hydrocarbures la pollution des sols, autant on redoute l’incinération parce qu’elle laisse échapper dans l’atmosphère du gaz carbonique, un gaz nocif à la couche d’ozone.

« On ne lutte pas contre la pollution en créant une nouvelle pollution », déplore Lionel Sanz, chef des travaux à Green services.

Promouvoir cette technique

La technique mise au point par des chercheurs de l’Institut de recherches en sciences exactes et naturelles (IRSEN) du Congo et ceux de Saint-Marin consiste donc à assurer un traitement « intégral » des boues d’hydrocarbures par le biais des bactéries naturelles qui digèrent les substances nocives contenues dans les déchets hydrocabrurés.

Conséquence : ces boues deviennent des engrais ou fertilisants bio. « C’est une première en Afrique centrale, un centre qui traite les boues hydrocarburées de façon organique, en n’utilisant aucun enfouissement, ni d’incinération. C’est dire que tout est biologique », s’est félicité le ministre Coussoud-Mavoungou après la visite du site dont les travaux de construction ont été lancés en 2018 pour s’achever cette année.

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Et la Congolaise de raffinage (CORAF), une entreprise publique de distribution de produits pétroliers cueille déjà les fruits de la technique. À tel point que CORAF a fini par devenir le principal fournisseur des déchets d’hydrocarbures à Green services.

Une trouvaille scientifique que les autorités congolaises entendent promouvoir non seulement à l‘échelle nationale, mais aussi au niveau international. Surtout, que la Journée mondiale de l’environnement de cette année est placée sous le thème « Pollution de l’air ».

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