La police a procédé vendredi à des arrestations systématiques de passants à Alger, aux abords de la Grande Poste, point de ralliement de la grande manifestation hebdomadaire contre le régime prévue en début d’après-midi, a constaté une journaliste de l’AFP.
Nombreuses arrestations à Alger avant un nouveau rassemblement contre le pouvoir
Une trentaine de personnes, essentiellement des jeunes, ont été interpellées, apparemment sans raison particulière, par les nombreux policiers en civil ou en tenue, déployés dans les rues autour de la Grande Poste dans le centre de la capitale algérienne.
Les policiers ont récupéré les pièces d’identité et les téléphones portables des personnes interpellées, avant de les fouiller et de les faire monter dans des fourgons. Au moins trois fourgons pleins ont déjà quitté les lieux en milieu de matinée en direction de postes de police et d’autres véhicules les ont remplacés.
Seules les personnes âgées et les femmes avec des enfants semblent passer entre les mailles du filet. Les passants sont encore relativement peu nombreux, en ce vendredi de ramadan, mois durant lequel l’essentiel des Algériens jeûnent du lever au coucher du soleil et se couchent très tard dans la nuit.
Plusieurs personnes arrêtées ont protesté et expliqué n’avoir commis aucun délit. Le ton est parfois monté entre interpellés et policiers mais globalement les arrestations se sont déroulées dans le calme.
Depuis le 22 février, les Algériens sortent chaque vendredi massivement dans les rues, notamment à Alger, pour réclamer un changement du “système” politique en Algérie.
Les manifestations, pourtant strictement et totalement interdites dans la capitale depuis 2001, ont été jusqu’ici largement tolérées par la police, débordée par le nombre et qui se contente habituellement de contenir le défilé dans un périmètre défini.
Vendredi dernier, la police avait également procédé à de nombreuses arrestations dans le centre d’Alger, notamment de gens portant banderoles ou drapeaux algériens, accessoire indispensable des manifestants.
Cela n’avait pas empêché une nouvelle mobilisation massive pour demander le départ du pouvoir des anciens cadres de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par ce mouvement de contestation inédit, ainsi que l’annulation de la présidentielle prévue le 4 juillet.
En tête des personnalités conspuées figure désormais le chef d‘état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de fait le véritable homme fort de l’Algérie et qui a opposé une fin de non recevoir à ces deux revendications.
AFP