Le président sud-africain réélu Cyril Ramaphosa, qui prête serment samedi, a promis de “restaurer l’espoir” dans la première puissance industrielle du continent, accablée par le chômage, les inégalités et les violences.
Les grands défis qui attendent le président sud-africain Cyril Ramaphosa
– Economie en berne – Riche d’une industrie et d’infrastructures inégalées sur le continent, l’Afrique du Sud ne s’est jamais remise de la crise financière qui a frappé la planète en 2008.
Son économie baigne depuis dans un climat désespérément atone, alternant trimestres de faible croissance et récessions techniques, avec un chômage de masse, une monnaie dévaluée et un endettement croissant.
“La persistance d’une faible croissance et (celle) de forts taux de chômage constituent de véritables défis”, selon l’agence de notation Moody’s.
Pendant la campagne des élections législatives du 8 mai, les Sud-Africains l’ont répété: ils veulent du travail. Le chômage frappe actuellement 27,6% de la population active. Ce taux atteint même 55,2% parmi les jeunes de 15 à 24 ans.
– Inégalités croissantes – L’Afrique du Sud est la société la plus inégalitaire au monde, selon la Banque mondiale.
“Les inégalités ont augmenté depuis la fin de l’apartheid en 1994”, constate-t-elle. Une fin officielle plus que réelle car la couleur de la peau “joue toujours un rôle déterminant dans la capacité à trouver un emploi et dans les salaires des employés.”
Malgré l‘émergence d’une classe moyenne noire, 20% des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9% des foyers blancs seulement, selon l’Institut sud-africain des relations entre les races (IRR).
Entre 2011 et 2015, 3 millions de Sud-Africains de plus ont basculé dans la pauvreté, selon la Banque mondiale.
– Corruption au sommet – Les dernières années du règne calamiteux de Jacob Zuma (2009-2018) ont été rythmées par une litanie de scandales de corruption frappant le plus haut sommet de l’Etat et les entreprises publiques.
Depuis son arrivée au pouvoir en février 2018, son successeur Cyril Ramaphosa a promis un grand nettoyage.
Mais les têtes tardent à tomber. Des commissions d’enquête ont beau exposer au grand jour les turpitudes de proches de Jacob Zuma toujours membres du gouvernement actuel, tous ou presque ont gardé leurs portefeuilles.
En campagne électorale, Cyril Ramaphosa s’est dit “déterminé” à ce que “les personnes reconnues coupables de corruption (...) ne soient pas autorisées à occuper des postes de responsabilités au sein de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir), au parlement ou dans le gouvernement”.
– Criminalité rampante – L’Afrique du Sud est gangrénée par une forte criminalité. L’an dernier, plus de 20.000 personnes ont été victimes de meurtres, soit 57 par jour.
Les femmes sont particulièrement vulnérables. Une centaine de viols sont recensés chaque jour, et une femme meurt sous les coups d’un proche toutes les huit heures.
Contrairement à une opinion largement répandue, le taux d’homicides pour 100.000 habitants a toutefois chuté depuis la fin du régime de l’apartheid. En 1994, le pays, au bord de la guerre civile, enregistrait 74 homicides quotidiens.
Les plus aisés vivent aujourd’hui cloîtrés dans des complexes ultra-sécurisés, derrière des murs-prisons hérissés de fils électriques et de caméras et sous la protection de gardes armés.
– Réforme foncière – Sous la pression du camp Zuma, Cyril Ramaphosa a promis d’“accélérer” la réforme foncière, avec des expropriations sans indemnisation de terres détenues en majorité par les Blancs au profit de la majorité noire.
La réforme agraire “a pour objectif de corriger les injustices liées à la dépossession de terres, (...) le péché originel”, a expliqué le président.
Mais le projet suscite des inquiétudes dans le pays et à l‘étranger, notamment chez les investisseurs que Cyril Ramaphosa a tenté de rassurer en affirmant que les entreprises seraient épargnées.