Les autorités locales ont annoncé jeudi la division en cinq de l‘émirat de Kano, dans le Nord du Nigeria, amputant ainsi les pouvoirs de l’influent émir actuel, un adversaire des musulmans conservateurs dans cette zone, épicentre de l’insurrection djihadiste de Boko Haram.
Nigeria : les autorités amputent les pouvoirs de l'influent émir de Kano
L‘émir de Kano, Muhammadu Sanusi II, est l’une des figures traditionnelles les plus influentes du Nigeria, même s’il ne dispose en théorie d’aucun pouvoir politique.
Le gouverneur de l’Etat de Kano, Abdullahi Umar Ganduje, a promulgué mercredi une loi, votée par le parlement local, divisant l‘émirat de Kano en cinq émirats (Kano, Gaya, Rano, Karaye et Bichi) – amputant ainsi les responsabilités et les ressources de l‘émir actuel.
Muhammadu Sanusi II, qui, avant sa nomination comme émir en 2014 était gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, n’hésitait pas à remettre en question les traditions, en se prononçant pour la nécessité de réformes sociales et religieuses.
Ses critiques de la polygamie et des familles qui ont trop d’enfants alors qu’elles n’ont pas les moyens de les élever, avaient provoqué la colère des religieux musulmans les plus conservateurs.
Pour le gouverneur de l’Etat de Kano, la nouvelle loi doit permettre aux institutions traditionnelles d‘être “plus proches du peuple”.
Mais les partisans de l‘émir de Kano y voient une tentative de réduire son influence.
La semaine dernière, l’agence anti-corruption de l’Etat de Kano avait annoncé qu’elle enquêtait sur le conseil de l‘émirat – l‘équivalent d’une cour royale – financé par des fonds publics, demandant la comparution de quatre proches de l‘émir.
Muhammadu Sanusi II avait été accusé d’abus de biens sociaux en 2017 (17 millions d’euros), mais l’enquête parlementaire ouverte contre lui avait été suspendue par les députés de l’Etat de Kano.
AFP